Les Dépêches de Brazzaville



Burkina Faso : un convoi militaire français en partance pour le Mali fait demi-tour


« Le convoi militaire français est toujours sur le territoire burkinabè. Nous travaillons à ce que ce convoi quitte notre pays. Nous demandons à la population de Kaya de faire confiance au gouvernement.  Ce convoi est destiné aux Forces françaises à Gao (Mali) en passant par le Niger. Tout ce qui passe ici, c’est avec l’accord des forces armées nationales. C’est un convoi militaire français régulier et habituel. Ce n’est pas seulement les convois français qui passent sur le territoire burkinabè », a déclaré le chef de la diplomatie du Burkina Faso, Alpha Barry.

Des manifestants ont érigé des barricades pour bloquer le passage des véhicules, ce qui a contraint les soldats de l'opération antiterroriste Barkhane à se retrancher dans un camp militaire près de Ouagadougou.  

« La lutte contre le terrorisme est une affaire de tous les Burkinabé, de notre armée nationale. Il ne faut pas qu’on se trompe d’ennemi car la France est toujours intervenue à nos côtés lorsque nous lui avons fait la demande. Le Burkina Faso a très souvent sollicité l’intervention de la France lorsque le pays commande du matériel militaire et que ce matériel doit survoler l’espace aérien européen », a expliqué Alpha Barry.

Le ministre des Affaires étrangères a ajouté :« La France a plusieurs fois usé de son poids afin que le matériel arrive à bon port sur notre territoire national », rappelant que  « la relation entre le Burkina Faso et la France est une relation d’amitié et de coopération. La France est le deuxième partenaire technique et financier. La coopération militaire entre les deux pays est très importante ».

Pour apaiser la tension de la population, le convoi militaire français a fait demi-tour en attendant un apaisement, avant de poursuivre sa route vers le Mali via le Niger.

Après ces deux pays, c’est la population burkinabè qui affiche son hostilité envers l’armée française. Une tension attisée par le retour de Moscou en Afrique. On voit de plus en plus de manifestants brandir le drapeau de la Russie, et s’opposer à la présence militaire française en Afrique francophone. Ce fut le cas en octobre à Bamako au Mali, lors d’une marche, et avant en Centrafrique, poussant Paris à accuser le Kremlin.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian,  a désigné récemment la Russie comme responsable du rejet de la France dans son pré carré. « Il y a des manipulateurs, par des réseaux sociaux, par des fausses nouvelles, par l'instrumentalisation d'une partie de la presse, qui jouent contre la France, certains parfois même inspirés par des réseaux européens, je pense à la Russie », avait-il dénoncé . 

Assise sur des acquis et un logiciel périmé, Paris a pris du retard dans la guerre de l'information, refusant toujours de prendre en compte trois nouveaux paramètres, devenus essentiels, le renouvellement de son logiciel communicationnel, l’influence et la société civile. Alors que le Kremlin se dotait d’une nouvelle stratégie d’influence, qui s’appuie sur les médias locaux et les anciens étudiants africains de Moscou, par exemple, des relais de proximité.


Noël Ndong