Les Dépêches de Brazzaville



CAN 2021 : le bronze pour un Cameroun renversant, le Burkina fait chou blanc


Comme en 72, après avoir été privé de la finale par les Diables rouges du Congo, le Cameroun remporte la médaille de bronze. Il y a cinquante ans, les Lions Indomptables avaient dominé le Zaïre 5-2 en débloquant le score rapidement.

Samedi soir, face aux Etalons du Burkina Faso, le scénario fut bien différent ; Et tout à fait renversant.

Encore marqués par leur élimination face à l’Egypte, probablement déstabilisés par les tensions internes autour du cas Choupo-Moting, les Camerounais entrent dans un stade Ahmadou Ahidjo loin d’être plein et prêt à montrer son hostilité, liée à l’immense déception de jeudi.

Sans l’attaquant du Bayern, prévu comme titulaire et capitaine, mais qui a refusé de jouer, et avec une majeure partie de ses titulaires sur le banc au coup d’envoi, le Cameroun va connaître un début de match cauchemardesque.

Battu en match d’ouverture, le Burkina veut sa revanche et une deuxième médaille de bronze, après celle de 2017. Ainsi, Steeve Yago trompe Onana et ouvre le score à la 24e : Kaboré renverse le jeu après une action démarrée à droite et trouve le latéral gauche de l’Aris Limassol, qui a déposé Bassogog au sprint.

Sans fioriture, mais avec une efficacité optimale, les Etalons doublent la marque sur un nouveau coup de boutoir d’Issa Kaboré : le latéral de Troyes percute sur son côté droit et adresse un centre tendu que l’infortuné, et maladroit, Onana expédie dans son propre but (43e).

Mené à la pause, malmené par son public, le Cameroun va toucher le fond à la 49e, lorsque le centre précis de Bertrand Traoré trouve Ouattara. Au milieu d’une défense statique, l’attaquant de Berkane triple le score d’une belle tête plongeante.

Au bord du gouffre, les co-équipiers d’Aboubakar, entré à la pause, vont reprendre pied grâce à celui de Bahoken, bien placé pour battre Ouédraogo après un embrouillamini (3-1, 71e).

Ouédraogo, décisif sur une frappe de Toko Ekambi (81e) puis un tir à bout portant de Bahoken (84e), loupe complétement sa sortie aérienne sur le corner suivant et permet à Vincent Aboubakar de marquer son 7e but du tournoi.

Le capitaine camerounais va ensuite faire l’étalage de sa malice sur un long ballon de sa défense : une discrète poussette dans le dos de Ouattara, qui percute un Ouédraogo sorti à l’emporte pièce et l’attaquant inscrit dans le but vide son 8e but de la compétition, égalant la performance de Laurent Pokou en 1970.

Chef de meute de la tanière, Aboubakar envoie son équipe aux tirs au but (pas de prolongation lors de la petite finale) et, comme face à l’Egypte, réussit le sien. Aucun Camerounais n’échouera, contrairement au Burkinabé Blati, dont le tir trop mou échoue dans les gants d’Onana. Le Cameroun s’impose 5-3 et sauve sa CAN avec cette médaille de bronze inespérée. Presque domptés, ces Lions sont des miraculés. 

Pour le Burkina, parfois séduisant, mais trop souvent rattrapé par son immaturité tactique durant cette CAN, la déception est immense.

Place désormais à la finale, la vraie, la grande, dont on espère un scénario aussi palpitant. Rendez-vous ce dimanche soir, à 20 heures, pour cette affiche inédite entre le Sénégal et l'Egypte.


Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Les Lions Indomptables célèbrent leur médaille de bronze (Daniel BELOUMOU OLOMO / AFP) Sauveur du Cameroun, Vincent Aboubakar termine la compétition avec 8 buts (Daniel BELOUMOU OLOMO / AFP) Coup de massue pour les Etalons emballants, mais finalement battus (AFP)