Les Dépêches de Brazzaville



Cinéma : fermeture des salles CanalOlympia au Congo


« Après six belles années d’émotions partagées, votre salle CanalOlympia Poto-Poto fermera ses portes au public à partir du 26 octobre 2025 dans le cadre de la rétrocession de ses infrastructures. Nous vous remercions de votre fidélité et de votre compréhension », peut-on lire dans le communiqué de la direction. Cette fermeture, annoncée en mars dernier, s’inscrit dans un repositionnement stratégique du groupe CanalOlympia en Afrique. Lors d’une rencontre tenue à Brazzaville entre la ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault, et Christine Pujade, présidente du réseau CanalOlympia, la décision de cesser les activités au Congo avait été officiellement communiquée. Le groupe cède ainsi la gestion de ses infrastructures à un nouvel opérateur, dont l’identité reste encore inconnue.

La ministre Lydie Pongault avait alors souligné la nécessité d’un accompagnement institutionnel afin d’assurer une transition fluide. « Le ministère reste engagé à faciliter cette transition et à garantir la continuité de l’exploitation cinématographique dans l’intérêt du public et des professionnels du secteur », avait-elle déclaré.

Rappelons que le réseau CanalOlympia compte dix-huit salles de cinéma et spectacles implantées dans douze pays. Chaque salle pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes et la scène extérieure peut recevoir plusieurs milliers de personnes en plein-air.

Une perte symbolique pour le cinéma congolais

La fermeture des salles CanalOlympia, notamment à Brazzaville et à Pointe-Noire, marque la fin d’une ère pour les cinéphiles et les acteurs du septième art congolais. Cet espace était devenu un lieu de rencontre, de formation et de diffusion, permettant aux réalisateurs locaux de présenter leurs films en avant-première dans des conditions professionnelles. Pour de nombreux artistes, cette disparition représente un manque à gagner considérable.

Même déception du côté des cinéphiles. « Apprendre que notre seule salle de cinéma va fermer me rend profondément triste. C’était un lieu de rencontre, de détente et de culture pour toute la ville », confie Sugar Essy sur les réseaux sociaux. D’autres internautes partagent ce sentiment de désolation. « Mais vous fermez partout, on fait comment nous ? », s’interroge Clarga Dekambi. « Et qu’est-ce qu’il va nous rester comme distraction en famille ? », s’inquiète Uriel Biyimi-N’Sayi. Pour Christ Nkounkou, cette fermeture n’impacte pas seulement le côté loisir car « des gens seront au chômage ».

Une dynamique continentale

La fermeture des salles CanalOlympia Congo n’est pas un cas isolé. D’autres salles CanalOlympia ont également fermé en Afrique centrale, à l’instar de Yaoundé au Cameroun, dont les infrastructures ont été rétrocédées à l’Université de Yaoundé en juin, et de Mandji’Ozangué au Gabon, restituée à la mairie de Port-Gentil fin juin.

Ces fermetures traduisent une reconfiguration du modèle de gestion de ces cinémas, souvent perçus comme des vitrines culturelles modernes. Au Congo, cette transition pourrait ouvrir de nouvelles perspectives : celle d’un modèle plus ancré dans les réalités locales, favorisant les partenariats publics-privés et la promotion du cinéma national.

Pour l’heure, le rideau s’apprête à tomber sur l’aventure CanalOlympia, laissant derrière elle des souvenirs d’avant-premières, de rires et d’émotions. Mais pour les amoureux du septième art congolais, une question demeure : qui prendra la relève ?


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Une vue de la façade avant et de l'intérieur de la salle CanalOlympia Poto-Poto à Brazzaville/DR