Les Dépêches de Brazzaville



Climat : des inégalités régionales dans les prévisions de l'ONU


A moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, les experts du  Giec ont sonné lundi le branle-bas de combat : les humains sont indiscutablement responsables des dérèglements climatiques et n'ont d'autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts. 

Dans leur rapport de 40 pages à destination des responsables politiques, les scientifiques de l'ONU réunis au sein du  Giec présentent trois cartes du monde, avec des hexagones représentant différentes parties de la planète. Chacun des graphiques illustre les changements observés depuis les années 1950 en termes de canicules, de fortes précipitations et de sécheresses, région par région, avec différents codes couleurs.

Il reste que si une forte augmentation des canicules est visible quasiment partout, s'agissant des pluies extrêmes et de la sécheresse, de nombreuses zones sont grisées faute de données ou de certitudes suffisantes de la part des scientifiques. C'est notamment le cas pour plusieurs régions en Afrique, en Amérique centrale et du Sud concernant les pluies et pour d'autres régions en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Asie, pour les sécheresses.

Un manque de données flagrant concernant le continent africain

Mohamed Adow, président du think tank sur le climat Power Shift Africa, basé à Nairobi, fait le parallèle entre ce manque de data et un vieil adage : si un arbre tombe dans la forêt mais que personne n'est là pour l'entendre, sa chute fera-t-elle du bruit? "Les gens en Afrique ont conscience de la chaleur accablante, de la montée des océans et des événements extrêmes sur le continent. Mais si ces données ne sont pas enregistrées par des scientifiques, cela va rendre beaucoup plus difficile la tâche pour les voix africaines de se faire entendre dans le débat sur la lutte contre le changement climatique", estime-t-il.

Les pays les plus vulnérables sont les plus pauvres

Le rapport du Giec insiste sur la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique de 1,1°C depuis la période pré-industrielle. Mais ce chiffre global cache une injustice : les pays les plus vulnérables sont les plus pauvres, qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Dans le cas de l'Afrique, "c'est aussi là où il y a le moins de recherches scientifiques et ce manque impacte la capacité du continent à s'adapter", regrette Mohamed Adow. "Nous devons résoudre cela rapidement et nous assurer que les chercheurs et les donateurs investissent pour combler ces trous dans la recherche climatique", poursuit-il.

Autre observation : la répartition des auteurs du rapport du Giec est déséquilibrée, aussi bien géographiquement qu'en termes de genre même si des efforts ont été faits. Sur 116 auteurs crédités, seulement 13 viennent de nations hors G20. 72% du total des auteurs du rapport sont des hommes. Et parmi les obstacles qui persistent, des études ne sont pas rédigées en anglais ou ne sont pas publiées dans des revues scientifiques traditionnelles. 

Une meilleure représentation au sein des auteurs du Giec n'est pas qu'une question d'équité. Elle permettrait également d'avoir des résultats scientifiques de meilleure qualité, avec plus d'informations et de perspectives régionales.


Julia Ndeko avec AFP