Les Dépêches de Brazzaville



Climat : les Etats-Unis promettent de rester engagés, les pays du Sud s'impatientent


"La crise climatique ne menace pas seulement nos infrastructures, nos économies ou notre sécurité, elle menace chaque aspect de notre vie au quotidien", a mis en garde l'émissaire américain pour le climat John Kerry, au troisième jour de la grande conférence de l'ONU sur le climat, qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte."Le président Biden est plus déterminé que jamais à continuer ce que nous faisons", quel que soit le résultat des élections, et reconnaît la "responsabilité particulière" de son pays envers les nations en développement, a-t-il assuré.

Le président américain n'était pas présent mardi en Egypte en même temps que les autres dirigeants, attendant le résultat d'élections de mi-mandat cruciales pour son avenir politique. Il viendra toutefois vendredi à Charm el-Cheikh.

Les dirigeants ont continué de défiler mardi à la COP27, qui a inscrit officiellement à son agenda la question des pertes et dommages subis par les pays du Sud. Pour le président du Sénégal et de l'Union africaine Macky Sall, il faut respecter le principe de pollueur-payeur dans la solidarité.

Une solidarité qui doit se traduire en engagements financiers, notamment à destination des pays pauvres. Les pays du Sud auront besoin de plus de 2.000 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur action climatique, dont près de la moitié venant d'investisseurs extérieurs.

"Les pays riches devraient reconnaître que c'est dans leur propre intérêt vital, ainsi qu'une question de justice, compte tenu des graves effets causés par leurs émissions élevées hier et aujourd'hui, d'investir dans l'action climatique" dans ces pays, a souligné Nicholas Stern, économiste qui a cosigné un rapport de l'ONU publié mardi.

Mais si les acteurs privés sont appelés à la rescousse, ils doivent respecter des règles, ont aussi prévenu des experts de l'ONU, mettant en garde contre les fausses promesses de neutralité carbone : pas d'investissements nouveaux dans les énergies fossiles, pas de compensation bon marché des émissions, pas de déforestation.

Face aux immenses besoins, des voix de plus en plus nombreuses appellent à une réforme du système financier international conçu à la fin de la Seconde guerre mondiale, pour mieux aider des pays comme le Pakistan, où des inondations ont submergé un tiers du territoire et affecté quelque 33 millions de personnes, causant plus de 30 milliards de dollars de dégâts et pertes économiques.

Le pays doit se préparer désormais à passer l'hiver, avec des millions de personnes à reloger. "Comment peut-on attendre de nous qu'on entreprenne cette tâche gigantesque seuls?", a demandé le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif à la tribune.

Le président d'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a aussi regretté une aide multilatérale "hors de portée de la majorité de la population mondiale en raison de politiques de prêts peu enclines à prendre des risques, assorties de coûts et de conditions onéreux".


Julia Ndeko avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Le président de l'UA, le Sénégalais Macky Sall, quitte la tribune après sa prise de parole à Charm El-Cheikh en Egypte ( Mohammed ABED / AFP)