Les Dépêches de Brazzaville



Commémoration : l’Eglise kimbanguiste 100 ans déjà


Le collège exécutif national de cette Eglise a été représenté au cours de cette messe festive par le révérend Sébastien Elion, représentant légal deuxième suppléant en charge de la presse et information, assurant pour la circonstance l’intérim du président de l’église, Michel Nzondo, invité à Nkamba.

Dans son mot de circonstance, le révérend Sébastien Elion a rappelé que c’est au matin du 6 avril 1921 à Nkamba que débuta le ministère de « Papa Simon Kimbangu » qui totalise ce jour cent ans et dont la renommée se répand au-delà des frontières du Congo-Belge. Celle-ci déboucha sur la rive droite du fleuve Congo notamment à Kinshasa-Bibubu pour la partie méridionale et à Kounzoulou pour la partie septentrionale. C’est donc Kinshasa-Bibubu qui abrite le premier temple kimbanguiste au monde et à Kounzoulou, un centre agricole.

Au début de ce ministère le 6 avril 1921, il était prédit par certaines mauvaises langues que ça ne fera pas long feux, parce que les noirs n’ont jamais réalisé ce qui dure. Aujourd’hui, aux yeux du monde, les kimbanguistes ont prouvé qu’ils étaient capables de tout. Les œuvres spirituelles de « Papa Kimbangu » à travers le monde le disent. Le kimbanguiste est aujourd’hui une église universelle. Au Congo Brazzaville, elle est présente sur toute l’étendue du territoire national avec un effectif de plus de trente mille fidèles dont deux mille trois-cent vingt membres du corps ecclésiastique répartis dans cent soixante-dix paroisses.

Le révérend Sébastien Elion a profité de l’occasion pour révéler le message de Simon Kimbangu du 10 septembre 1921 à Mbanza Nsanda, lorsqu’il annonçait l’échelonnement des choses à venir en disant : « J’ai été envoyé pour libérer les peuples du Kongo et la race noire du monde. L’homme noir deviendra blanc et l’homme blanc deviendra noir. Car les fondements spirituels et moraux tels que nous les connaissons aujourd’hui seront profondément ébranlés. Les guerres persisteront à travers le monde. Le kongo sera libre et l’Afrique aussi. » Ajoutant également que « Tout commencera par le Kongo français » suite aux dons en nature que « Papa Mandombe » lui avait apportés afin d’approvisionner Nkamba en denrées alimentaires et d’accueillir les pèlerins qui s’y rendaient pour recevoir un traitement spirituel.

La première reconnaissance officielle de l’Eglise kimbanguiste par l’État colonial a été effectuée au Congo français en 1958, une année avant le Congo-Belge, dit l’orateur. Au-delà des ambitions religieuses, le kimbanguisme nourrit l’ultime désir de réhabiliter l’homme noir et de le libérer du joug de la pauvreté, donc de la dépendance économique. D’où la création des structures économiques notamment les centres agricoles de Kounzoulou, de Gamboma et de Loudima. Ajouter à cela, le dispensaire de Mikalou et les écoles conventionnées kimbanguistes. « L’inspiration de l’écriture négro-africaine dite Mandombe par « Papa Simon Kimbangu » constitue le socle de la civilisation kimbanguiste dont les implications multiformes sont démontrées dans tous les domaines », a-t-il précisé.

Le révérend Sébastien Elion a aussi rappelé que l’Eglise kimbanguiste est membre du Conseil œcuménique des églises chrétiennes depuis le 16 août 1969 et aussi de la Conférence des églises de toute l’Afrique le 24 mai 1974. En septembre 1978, l’Eglise kimbanguiste est co-fondatrice de la plateforme : Organisation des églises indépendantes d’Afrique. En dehors des églises sœurs, l’église kimbanguiste entretient de bonnes relations avec plusieurs Organisations non gouvernementales dans le cadre du développement économique.

Aux termes de cette messe festive, les fidèles de cette église, respectueux de toute autorité d’État légalement établie, ont sollicité du président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, de décréter la journée du 6 avril « journée fériée », à l’instar de la décision de son homologue de la République démocratique du Congo, Felix Antoine Tshisekedi.

Invité à la célébration du centenaire, le sénateur Adeodat Matoumbi, descendant de kimbanguiste, a fait savoir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais il faut la partie spirituelle, selon les Ecritures. Pour lui, Kimbangu c’est un symbole, car il a toujours milité pour la paix pour que l’homme noir évolue et qu’il atteigne aussi des dimensions appréciables. « Ce qu’un kimbanguiste peut apporter au Congo c’est la paix et la tranquillité sans laquelle on ne peut travailler, ni se développer. Le kimbanguiste symbolise la paix, l’amour et la convivialité. La couleur vert-blanche dit tout. C’est aussi le bassin du Congo », a-t-il déclaré.


Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le révérend Sébastien Elion délivrant le mot de l'église (crédit photo/ DR) Photo 2 : L'une des chorales de l'église kimbanguiste (crédit photo/ DR)