Conférence : les créateurs de mode exhortés à se réapproprier l’identité congolaise
Pour la fondation Niosi, aujourd’hui, toutes les disciplines (la géographie, la sociologie, l’économie, la linguistique, l’histoire, la science, la politique, l’architecture, la mode, etc.) sont convoquées à répondre, penser et dire la ville dans laquelle nous voulons vivre, celle qui sera réellement adaptée à notre environnement. Pour décortiquer le thème de la conférence, la fondation a réuni en grande partie les acteurs de la mode, à savoir les stylistes, les architectes, designers et couturiers. « La mode et la ville ne peuvent évidemment pas être dissociées dans la mesure où la ville en tant que cité se compose de citoyens qui ont des besoins, dont le vestimentaire qui nécessite d’être compris et canalisé », en pense Hyppolite Diayoka, styliste congolais et paneliste principal de la rencontre. Pour lui, des villes comme Paris et New York doivent en partie leur notoriété à la mode. « Nous devrions nous approprier cette mentalité. Le but n’est pas de vouloir détrôner d’autres villes mais de prendre conscience qu’en posant des actes positifs, nous pourrons pérenniser quelque chose qui sera rentable pour de longues années encore », a-t-il souligné. Outre le fait de reconnaître le lien entre la mode et la ville, les échanges se sont, par ailleurs, appesantis sur la fabrique identitaire qui n’en demeure pas moins liée aux deux autres concepts. « Le vêtement, brut ou confectionné, parle et renvoie à une certaine image. L’habit est une langue, le tissu lui-même dit quelque chose ainsi que chaque détail qui l’accompagne », a appuyé Josué Ndamba de la fondation Niosi. Un avis que partage Hyppolite Diayoka qui a demandé à l’auditoire : « Qu’est-ce qui peut faire qu’une Congolaise se différencie d’une Rwandaise ou d’une Ghanéenne ? ». Selon lui, la mode de chaque pays est appelée à évoluer sans se séparer de l’identité de son peuple. « Aujourd’hui, on se plaint que la femme congolaise s’habille mal et exhibe trop son corps. Moi, j’estime que cela arrive parce qu’elle se procure des vêtements qui sont commercialisés au mauvais endroit. Ce qu’on peut tolérer comme taille de culotte au Brésil, ne le sera peut-être pas au Congo. Si notre marché n’a pas assez d’influence dans la distribution des articles modes, on subira l’influence des marchés qui ont de la présence. D’où l’intérêt d’avoir des acteurs qui peuvent accompagner le secteur », a-t-il longuement expliqué. Ainsi, au regard de la crise sanitaire liée au coronavirus qui complique la circulation des personnes et des marchandises, l’industrie de la mode se trouve durement affectée. Les enjeux de production et de fabrication locales de tissus s’imposent considérablement aux Africains et particulièrement aux Congolais. Lors des échanges, il a été également soulevé la nécessité de concilier la mode et le respect écologique. En effet, certains tissus exposés au soleil trop longtemps entrainent des maladies et la population doit s’en rendre compte en ne pensant pas seulement à l’argent qu’on dépense mais aussi à la qualité. « L’industrie du textile pollue et nous en voyons les effets. Bougeons les lignes pour que les vêtements fabriqués tiennent compte des réalités climatiques aussi. Et pour ce faire, nous devons chacun apporter sa pierre à l’édifice », a déclaré Karelle Koubatika, architecte et responsable du cabinet « 2 Office 2 K ». Merveille Atipo Légendes et crédits photo : Josué Ndamba et Hyppolite Diayoka lors de la rencontre/Adiac |