Les Dépêches de Brazzaville



Conflit RDC-Rwanda : mise en garde contre les discours de haine et la xénophobie


Le conflit entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda a pris des allures inquiétantes, surtout au lendemain de la reprise de la cité de Bunagana par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) appuyés par l’armée rwandaise. Face aux discours de haine véhiculés par une certaine opinion, les réactions ne se sont pas fait attendre, notamment celles du prix Nobel de paix, le Dr Denis Mukwege, de la ministre près le président Félix Tshisekedi et de la Monusco. Elles ont permis de calmer des ardeurs qui commencaient à gagner les esprits dans les rues de Kinshasa et dans certains chefs-lieux des provinces.

Le prix de Nobel de paix a déconseillé la violence et la xénophobie observées depuis le début du conflit congolo-rwandais. « Que l’on ne vous induise pas en erreur. Celui qui vous demande de prendre la machette est de connivence avec l’ennemi », a-t-il déclaré, en martelant : « Si vous attaquez des gens à cause de leur faciès, c’est une grosse erreur ». Il a exhorté à manifester pacifiquement contre l’agression rwandaise, estimant que c’était la meilleure manière de faire entendre sa voix.   

Pour sa part, la ministre près le président de la République, Nana Manuanina, a réaffirmé l’engagement de Kinshasa « à poursuivre tous les auteurs des actes d’incitation à la haine envers qui que ce soit ». A l’ouverture du forum régional visant la mise en œuvre d’une stratégie régionale et d’un plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine en Afrique centrale, le 21 juin à Kinshasa, elle a déclaré que la RDC mettra tout en œuvre pour exercer son leadership dans l’harmonisation des mécanismes de prévention et de lutte contre les discours de haine dans la région.

A cet effet, Nana Manuanina a rappelé l’instruction du président Tshisekedi au gouvernement pour mettre fin aux discours de haine et à l’incitation à la violence au sein de la population congolaise. « Le gouvernement s’est engagé à son tour à poursuivre tous les auteurs des actes d’incitation à la haine envers qui que ce soit», a-t-elle dit. Même tendance au niveau des chefs d'Etat de l’EAC qui ont souligné que tout langage offensant, tout discours de haine, toute menace de génocide et tout autre langage politiquement incitatif doivent cesser et être découragés par toutes les parties. « Le peuple congolais doit être encouragé à travailler ensemble afin de stabiliser l'est de la RDC pour que cette partie du pays prospère », a précisé le communiqué final du troisième conclave de Naïrobi.

Pour sa part, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en RDC, Bintou Keita, a exprimé, le 20 juin, sa profonde inquiétude quant à la recrudescence des messages de haine et l’incitation à l’hostilité contre des citoyens congolais ou étrangers en raison de leur appartenance ethnique ou nationale. Elle a déploré que ces messages soient distillés « quelques jours après la première édition de la Journée internationale de lutte contre les discours de haine, et malgré les appels à la retenue et au calme des autorités congolaises ».

Bintou Keita a rappelé que « les incitations à la haine, la violence et l’hostilité constituent des infractions au droit pénal congolais et au droit international ». Elle a invité les autorités congolaises à initier des poursuites contre leurs auteurs, quels qu’ils soient et a encouragé le Parlement à adopter le plus rapidement possible la loi sur le tribalisme, le racisme et la xénophobie actuellement en discussion.


Jules Tambwe Itagali