Les Dépêches de Brazzaville



Conjoncture : mesure exceptionnelle pour stabiliser le franc congolais


Dans son récent communiqué, la BCC a fait état du passage à 20 % de son principal taux directeur pour stabiliser le franc congolais devenu trop volatile. Selon la Banque centrale, il était indispensable de faire face à cette tendance croissante du taux de change. Par cette mesure, l’autorité monétaire a tenu à réduire le rythme des hausses des prix domestiques. En effet, cette situation explosive pour les plus démunis est le résultat de la baisse des cours des matières premières au cours des deux dernières années. Cette conjoncture difficile a eu pour effet de réduire considérablement les recettes en devises, au moment où le marché intérieur en avait le plus besoin. Par ailleurs, les chiffres officiels confirment que le franc congolais a perdu la moitié de sa valeur au cours de l’année 2016, à la suite de la chute drastique des recettes fiscales.

Pour la petite histoire, la BCC a procédé à une augmentation de son taux directeur en janvier 2017, passant de 7 à 14 %. L’année 2017 a débuté ainsi avec une certaine incertitude d’autant plus que la BCC a mené quatre interventions infructueuses sur le marché de change tout au long de l'année 2016 pour contrer la chute du franc congolais. La Banque centrale a tenu à ramener le taux d’inflation loin de la zone rouge. Il a fallu faire passer l’inflation mensuelle située à 11,2 % au mois de décembre à moins de 10 %. Pour les perspectives globales de 2017, il est fait état de la possibilité pour le pays de renouer avec une croissance de l’ordre de 3,1 % et une inflation annuelle en hausse à 33,12 % alors qu’elle se situait à 25,04 % en 2016.

Plus d’un observateur averti de l’actualité financière redoute cette nouvelle hausse du taux directeur de la BCC. En effet, nous parlons bien du taux par lequel les banques empruntent de l’argent auprès de la BCC. Chaque hausse du taux directeur entraîne naturellement des effets sur le secteur bancaire. Et finalement, les banques vont le répercuter sur le bénéficiaire final, en l’occurrence le client. La boucle est ainsi bouclée. Si des esprits éveillés n’ont pas manqué de s’inquiéter du passage de 7 % à 14 % en début d’année, cette dernière décision les laisse aujourd’hui sans voix tant le secteur financier congolais se trouve déjà dans une situation très difficile. Pour eux, malgré la crise, il faut veiller à alimenter l’économie en facilitant l’endettement. Cette mesure crée plutôt l’effet contraire. Pour preuve, plusieurs rapports attestent que les banques n’ont pas suffisamment prêté au cours de l’exercice passé. Nous y reviendrons.


Laurent Essolomwa