Les Dépêches de Brazzaville



Construction immobilière : le salon international Batiko a pris ses marques à Kinshasa


Comme prévu, tout le monde s’est retrouvé le 2 octobre pour le lancement du salon international de l’immobilier, architecture et designers d’intérieur, à Kinshasa. Le Kollectif Batiko, initiateur de Batiko, a organisé cet événement en collaboration avec l’Ordre national des architectes et Pygma communication. A tour de rôle, leurs représentants et d’autres invités de marque comme Parkland, le sponsor officiel, l’ambassade du Canada et quelques officiels ont souhaité la bienvenue aux nombreux participants. L’exposition au Salon Congo et les panels ont constitué des moments forts du salon international. En effet, les deux jours ont donné naissance à des rencontres et opportunités : mission économique, expositions de produits et services d’entreprises, conférences, présentation de projets et le premier gala Batiprize qui vise à récompenser les acteurs qui se sont démarqués par leur excellence.

Débat

L’apport le plus important est sans aucun doute le débat d’experts qui a permis de faire l’évaluation d’un secteur très porteur mais pas suffisamment valorisé par l’État congolais. Plusieurs experts ont procédé à un examen minutieux de la situation de la construction immobilière. Dans leur diagnostic peu reluisant, ils ont noté, par exemple, l’absence des architectes congolais sur les réseaux sociaux. Selon l’architecte d’intérieur Emmanuel Akele, il est important de recourir systématiquement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication pour plus de visibilité dans le monde. Si les architectes congolais sont peu sollicités, l’une des raisons majeures est justement leur absence dans les réseaux sociaux (site internet, page Facebook, compte Instagram, Twitter, etc.). En renversant la situation, avec leur savoir-faire avéré, ils pourront facilement rivaliser avec leurs collègues étrangers. Bien entendu, il y a eu un appel pathétique à l’État pour le respect de la loi dans leur secteur, qui oblige, par exemple, tout architecte étranger à s’associer aux locaux pour la réalisation des ouvrages en RDC.

Très vite, le salon Batika a pris sa vitesse de croisière. Les panels ont permis de lancer le débat sur les problématiques majeures et de préconiser des solutions durables. Les thèmes débattus ont touché des points sensibles et d’actualité comme la promotion de la construction durable et écologique pour l’Afrique afin de limiter les dégâts du dérèglement climatique, l’écosystème de la construction immobilière, l’avenir de l’immobilier, de l’architecture et du design d’intérieur en RDC, etc. Au nombre des points les plus débattus, il y a le thème portant sur la facilitation d’investissement en RDC. En effet, faute de soutien des banques et institutions financières, l’investisseur est contraint de se tourner vers des ressources propres pour construire une maison. Le débat a permis de relever deux grands problèmes, en l’occurrence le taux d’emprunt trop onéreux des banques. Ces dernières accordent des crédits très difficilement, tout en privilégiant les constructions commerciales capables de générer très rapidement du cash pour le remboursement. Très souvent, la plupart des privés recourent aux avances des personnes qui ont le cash pour évoluer dans leurs projets. « Les Congolais risquent de ne pas construire dans leur propre pays », a mis en garde un débatteur.

Quelques recommandations

Dans le cadre des solutions durables, les débateurs ont relevé la nécessité de mettre en place des banques spécialisées dans le secteur de l’habitat. Il y a aussi cette requête aux instituts bancaires de cesser de considérer les biens immobiliers, principalement des terrains, comme des biens sans valeur.  Les conférenciers ont appelé l’État à jouer effectivement son rôle en créant un cadre favorable. Il y a aussi toutes les institutions publiques qui jouent un rôle important dans l’encadrement des projets immobiliers. A la Fédération des entreprises du Congo, un conférencier a demandé d’arriver à faire baisser les crédits à des taux exceptionnels pour les Congolais. Dans l’ensemble, le salon a apporté des réponses durables à l’ensemble des maux épinglés. Grâce à Batika, il existe désormais un cadre de collaboration entre urbanistes, promoteurs immobiliers, architectes, décorateurs, designers de l’intérieur, acteurs et panélistes. Cette initiative permet effectivement de conforter une coalition forte, professionnelle, unie qui valorise la créativité et l’expertise congolaise dans les différents secteurs de l’immobilier.


Laurent Essolomwa