Les Dépêches de Brazzaville



COP27: les travaux ouverts à Charm el-Cheikh


« Ne rien faire nous paralysera, donc cette conférence devrait être la conférence des actions concrètes dans le domaine du changement climatique », a déclaré  le président de la COP26, le britannique Alok Sharma, lors de la cérémonie d'ouverture. En sa qualité de président de la COP27, le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Shoukry, a déclaré, dans son discours d’ouverture, que « le monde n'a pas le luxe de poursuivre l'approche de polarisation des efforts pour lutter contre le changement climatique ». Ajoutant : « La situation climatique actuelle requiert une action internationale urgente ».

Les alertes de désobéissance civile, plus ou moins radicales visant à alerter sur la crise climatique, ne cessent de se multiplier avec l’ouverture de la COP27. Si elles ne font pas l’unanimité, plus ou moins efficace, l’objectif est identique : attirer l’attention des gouvernements sur l’urgence de la crise climatique en appelant les dirigeants du monde à prendre des mesures ambitieuses, en poussant l’exaspération face à l’inaction qui a suivi la publication du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), montrant pourtant l’urgence de la situation.

Pour Pascal Vaillant, enseignant chercheur en informatique vivant à Paris,  « il faut sortir des canaux habituels de communication pour se faire entendre et être plus visible ». L’idée étant d’alerter le plus possible avec la COP 27, pour presser les gouvernements à réduire les émissions de carbone. « On veut que les gouvernements du monde arrêtent de dire qu’ils poursuivent l’objectif de la limitation du réchauffement à 1,5 °C alors qu’ils ne font pas du tout sérieusement ce qu’il faudrait faire pour y arriver », insiste Pascal Vaillant, pour presser les dirigeants du monde à rehausser leurs ambitions. Il déplore des promesses insuffisantes et non tenues. Le rapporteur du Giec, François Gemenne, plaide pour que la COP27 fixe comme objectif de limiter la hausse générale des températures à deux degrés d’ici à la fin du siècle, soit l’engagement signé à Paris en 2015. L’objectif de 1,5 degré de réchauffement étant « carrément hors d’atteinte », selon lui.

Toutefois, il estime qu' « il n'est jamais trop tard » et que la COP27 qui vient d’être ouverte peut se donner « des objectifs atteignables. C'est comme si vous cherchez à perdre du poids. Tout ce que vous allez réussir à faire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre va aussi limiter l'augmentation de la température », imagine le rapporteur du Giec. Les huit dernières années sont en passe de devenir les plus chaudes jamais enregistrées, en raison de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée, tandis que l’élévation de la mer a doublé depuis 1993, selon le rapport provisoire de l’Organisation météorologique mondiale, sur l’état du climat mondial en 2022. Ce rapport a été publié le premier jour de la COP27 qui se tient du 6 au 18 novembre, auquel le président chinois ne viendra pas, et son homologue américain a prévu son passage après les élections de la mi-mandat.

« Trop souvent, ce sont ceux qui sont le moins responsables du changement climatique qui souffrent le plus, comme nous l'avons vu avec les terribles inondations au Pakistan et la sécheresse mortelle qui sévit depuis longtemps dans la Corne de l'Afrique », a déclaré le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas. Le patron des Nations unies, Antonio Guterres, dévoilera à la COP27 un plan d'action visant à mettre en place des alertes précoces pour tous dans les cinq prochaines années. « Alors que la COP27 débute, notre planète envoie un signal de détresse. Nous devons répondre au signal de détresse de la planète par des actions, des initiatives ambitieuses et crédibles en matière de climat. La COP27 est le lieu approprié et il faut que ce soit fait maintenant », a déclaré Antonio Guterres, à l'occasion de la publication du rapport.


Noël Ndong