Les Dépêches de Brazzaville



Covid-19: Deux jours pour trouver les moyens de produire plus de vaccin contre le virus


Lundi et mardi, se retrouveront autour de la table virtuelle les partenaires du système Covax (l'OMS, l'Alliance pour les vaccins Gavi et le Cepi, sa branche recherche), la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique (IFPMA), des fabricants originaires de pays en développement, des experts et des gouvernements.

Cette réunion veut mettre en lumière les lacunes dans les chaînes d'approvisionnement de réactifs, de matières premières, de produits nécessaires pour faire des vaccins explique la docteure Swaminathan responsable scientifique de l'OMS. De fait, la pandémie de Covid-19 a suscité une demande sans précédent. L'industrie pharmaceutique pense produire 10 milliards de doses cette année. Mais pour les fabriquer, il faut les ingrédients en quantités sans précédent, du verre pour les flacons, du plastique, des bouchons.

Sous la pression des Etats et des opinions publiques, les grands groupes pharmaceutiques, concurrents en temps normal, ont multiplié ces dernières semaines des accords pour fabriquer plus. Le Français Sanofi - qui a pris du retard dans le développement de son propre vaccin anti-Covid - aidera Pfizer-BioNTech mais aussi Johnson & Johnson à fournir plus de doses. Merck produira des vaccins JnJ. Le suisse Novartis vient au secours de Pfizer et de l'allemand Curevac tout comme le fait Bayer.

Il faudrait maintenant multiplier ces accords à travers le monde. « Il nous faut aussi explorer les capacités de remplissage et de finition en Asie, en Afrique, en Amérique latine et utiliser ces usines pour accroître l'offre", insiste la responsable.

Des fabricants de médicaments génériques ont aussi la capacité et les bonnes pratiques pour apporter leur aide dans ce processus ce qui suppose d’aborder les problèmes de propriété intellectuelle et de licences, qui permettent aux géants pharmaceutiques qui ont beaucoup investi - parfois avec l'aide significative des Etats - de gagner de l'argent.

Une proposition de l'Inde et de l'Afrique du sud sur la levée temporaire des brevets soumise à l'Organisation mondiale du commerce semble dans l'impasse, même si la pression d'ONG et de l'OMS monte.

Ces efforts pour doper la production de vaccins doit notamment permettre d'immuniser dans les pays les plus défavorisés, ceux qui n'ont pas l'argent pour s'approvisionner directement à la source. Si les campagnes de vaccination ont commencé fin décembre dans nombre de pays riches, les premières doses distribuées par le système Covax - mis en place pour tenter de juguler le nationalisme vaccinal - n'ont pu être administrées que cette semaine.

Environ vingt millions de doses ont ainsi pu être envoyées dans vingt pays. La semaine prochaine, 31 pays vont s'ajouter à la liste avec 14,4 millions de doses.

"C'est un progrès encourageant, mais le volume de doses distribuées à travers Covax reste relativement faible", a noté le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il a aussi souligné que les volumes de livraison prévus par Covax d'ici fin mai ne représentent que 2% à 3% des populations des pays récipiendaires, "alors que d'autres s'acheminent rapidement vers la vaccination de toute leur population dans les prochains mois".


Julia Ndeko avec AFP