Crise centrafricaine : ex-sélékas et anti-balakas s'engagent à faire taire les armes Première étape d’un long processus dont l’issue sera connue dans les prochains jours en terre centrafricaine, l’accord de cessation des hostilités arraché à Brazzaville peut être considéré, sauf pour les pessimistes, comme une nouvelle page ouverte vers la recherche de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Centrafrique, en attendant le désarmement conditionné quant à lui à l’accord politique. « Devant le monde entier nous prenons un engagement ferme, définitif et irréversible pour la cessation des hostilités. La RCA est la seule chose au monde que les Centrafricains ont en commun (…). Nul n’a le droit de prendre les armes pour terroriser ou terrifier tout un peuple », a déclaré le chef de la délégation de l’ex coalition séléka, Mohamed Moussa Dhaffane. L’engagement des ex-sélékas interpelle à la fois les anti-balakas, d’obédience chrétienne et majoritaire en Centrafrique, afin de mettre un terme à la stigmatisation et à la chasse aux musulmans. Les dirigeants de cette coalition qui n’entendent pas ramer à contrecourant de cet accord, se disent prêts à ranger leurs armes. « Le mot d’ordre doit être exécuté et nous n’accepterons pas que le peuple centrafricain continue de souffrir. Dès notre retour à Bangui, des délégués ici présents vont être envoyés dans les préfectures pour faire respecter notre engagement », a déclaré le coordonnateur des anti-balakas, Patrice Édouard Ngaïssona, ajoutant que son mouvement est représenté dans dix des douze préfectures de la Centrafrique. Une avancée à consolider par l’engagement politique et le désarmement L’accord est signé certes, les engagements fermes pris et le pardon au peuple demandé, cependant seule la suite du terrain va nous dire si les prochaines consultations prévues tant à Bangui qu'ailleurs, permettront de déterminer l’avenir de ce pays en proie à un conflit politico-religieux. Car, l’ex-coalition séléka qui a boycotté les travaux en commission, pour des raisons dites légitimes, pourrait peut-être formuler d’autres revendications ou exigences plus cruciales tels que la partition du pays ou l’obtention d’un poste de Premier ministre comme entendu dans les coulisses. « Sans détours nous disons que s’agissant du DDR nous sommes disposés à le faire. Mais pour le moment nous disons que ce point doit être intégré dans l’accord politique qui devrait être discuté sérieusement entre les partenaires au développement à Bangui ou dans un autre lieu neutre pour dissiper tout malentendu », a souligné le chef de la coalition des ex-sélékas. Sur l’ambition des ex-sélékas d’être impliqués dans la gestion des institutions de transition, Denis Sassou N’Guesso a rappelé : « La configuration des nouvelles institutions n’était pas à l’ordre du jour au Forum de Brazzaville. Même s’il y avait lieu, cela doit se faire en terre centrafricaine en donnant la possibilité au peuple de décider sur le type d’institution dont il peut avoir besoin. » Pour sa part, consciente que le chemin à parcourir est encore long, la présidente de la transition, Catherine Samba Panza, affirme ne pas désespérer. « Nous sommes arrivés à une réconciliation entre Centrafricains. C’est le premier pas et nous allons ensemble surmonter les difficultés et les obstacles qui se dressent devant nous », a-t-elle précisé tout en remerciant le médiateur et son équipe pour ce premier ‘’grand pas’’ franchi.
Guy-Gervais Kitina Légendes et crédits photo :photo 1 : Les signataires de l'accord.
photo 2 : Les chefs d'État congolais et centrafricain applaudissent l'acte posé.
photo 3 : Denis Sassou N'Guesso et Catherine Samba Panza entourés des participants au Forum pour le dialogue et la réconciliation nationale en Centrafrique.
photo 4 : Accolades entre ex-sélékas et anti-balakas après l'accord. |