Les Dépêches de Brazzaville



Culture : le swahili, la langue la plus parlée en Afrique


Influencée par d’autres langues (arabe, anglaise, portugaise), le swahili est  une langue de la côte, faisant partie de la famille bantoue, une kyrielle de langues parlées par les peuples bantous de la moitié sud de l'Afrique. Avec plus de 200 millions de locuteurs, il est l'une des dix langues les plus parlées au monde et, ces dernières années, un fort mouvement s'est développé pour en faire la lingua franca du continent. Le swahili tire environ 40 % de son vocabulaire directement de l'arabe, ayant été influencé pendant des siècles par les commerçants de la péninsule arabique venus sur la côte est-africaine à la recherche de nouveaux marchés. L’idée de promouvoir la diffusion du swahili  en Afrique, et d’en faire une langue continentale est lancée dans les années 1960 par le premier président de la Tanzanie, Julius Nyerere, qui l'utilisera pour unifier sa nation après l’indépendance, conscient que son peuple en avait besoin pour le commerce et la compréhension. Pour lui, c’était  le langage de la  libération.

Le peuple swahili était majoritaire dans la région s'étendant de Mogadiscio (Somalie), en passant par le Mozambique, le Kenya, la Tanzanie et l'ouest de la République démocratique du Congo. Les contacts entre ce peuple côtier et le monde arabe et perse remontent à bien avant l'arrivée de l'Islam, au 8e siècle. Mais c'est plus tard, sous le joug colonial de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne à la fin du 19e et au début du 20e siècle, qu'elle va être adoptée comme langue à utiliser dans l'administration locale et l'éducation. « Il a commencé comme une petite langue côtière en Afrique de l'est, qui est ensuite entrée en contact avec des commerçants venant du monde arabe et principalement du Portugal », explique Ida Hadjivayanis, professeur et spécialiste du swahili à l'université de Londres.

 Le swahili, une langue de « l’unité africaine »  facile à apprendre

Le succès du swahili  en tant que langue bantoue a été rapidement adoptée par les autres peuples bantous, qui ont pu la lire et la comprendre facilement parce qu'ils parlaient déjà d'autres langues de la même famille. Le swahili est la langue africaine la plus facile à apprendre pour un anglophone ou un locuteur de langue romane, dit-on. Pour la Ghanéenne Annabel Lankai, qui l'étudie, l'Afrique devrait « avoir quelque chose qui vient de nous et qui est pour nous. Il est grand temps que nous abandonnions la langue des colonisateurs ». Un nombre important d’Africains souhaitent que le swahili devienne une alternative à l'anglais, au français ou au portugais en tant que lingua franca sur le continent, ou une langue communément comprise.

En 2021, l'Unesco a désigné le 7 juillet, Journée mondiale du swahili et, au début  de l’année 2022, l'Union africaine l'a adopté comme langue de travail officielle, y voyant une « langue d’émancipation », au vu de l’importance de son rôle dans la construction de « l’unité africaine », et des ambitions d’en faire « une langue panafricaine », pouvant devenir un atout important pour le peuple africain,  une langue également officielle de la Communauté d'Afrique de l'est. Les locuteurs du swahili sont répartis dans plus de quatorze pays (Tanzanie, Kenya, Ouganda, Comores, République démocratique du Congo, Burundi, Rwanda, Mozambique, Malawi, Sud-Soudan, Somalie, Zambie, Oman et au Yémen au Moyen-Orient). Certaines pays d'Afrique australe (Afrique du Sud et Botswana) l'ont introduit dans les écoles, tandis que la Namibie envisage de le faire. Le swahili compte plus de 200 millions de locuteurs.


Noël Ndong