Les Dépêches de Brazzaville



Décès de Tabu Ley : pour Jean-Claude Gakosso, il était la matrice essentielle dans la galaxie musicale des deux Congo


Pour le chef du département de la Culture du Congo, Tabu ley appartenait sans doute à cette catégorie de citoyens des deux Congo qui ne voient pas dans le fleuve une frontière. Il se sentait à Kinshasa comme à Brazzaville. « Il était un grand virtuose des harmonies vocales, il inventait toute une rythmique qu’il a dénommé le sumjum dans les années 70. C’est la période où j'ai découvert son art, il était un artiste très fécond et talentueux ; il a beaucoup fait pour innover la musique congolaise moderne en y introduisant la batterie du jazz avec des drums sous l’influence de James Brown qui avait été de passage à Kinshasa dans les années 70 », a témoigné le ministre.

Taby Ley est pour le continent africain un géant de la musique, à placer sur le même piédestal que Luciano Pavarotti ou Ray Charles. Il était la matrice essentielle dans notre galaxie musicale des deux Congo. « C’est un grand magistère qui s’en est allé mais qui avait déjà légué et passé le témoin à des jeunes gens si talentueux comme Koffi Olomidé. C’est un grand moment de tristesse et de douleur », a-t-il poursuivi.

Jean-Claude Gakosso a précisé que le président de la République honorait Tabu Ley de son amitié, une amitié de très longue date. « Lorsqu'il avait appris en 2008 qu’il avait été hospitalisé, il m’avait tout de suite dépêché à son chevet à Bruxelles », a-t-il indiqué. Et de conclure : « Nous rendrons un grand hommage de concert avec les autorités de la République démocratique du Congo. Nous célébrons ensemble des moments de joie et de deuil, solidaires et soudés. Nous serons à Kinshasa à la tête d’une délégation d’hommes et de femmes de culture pour rendre à ce géant l’hommage qu’il mérite. »

Jean-Claude Gakosso prend part au colloque international consacré à la civilisation Bamoun

L’une des plus vieilles civilisations de l’Afrique centrale a donc fait l’objet d’un colloque international à Yaoundé au Cameroun, parrainé par l’Unesco. Le Congo y était représenté par le ministre de la Culture et des Arts.

La civilisation Bamoun est tenue par une dynastie implantée à l’ouest du Cameroun dans cette région de l’Afrique centrale depuis le 13e siècle. Le roi Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamouns avait été reçu à Brazzaville par le président de la République. Ce dernier a donc été invité pour la circonstance et a assisté à ce colloque. Le roi des Bamouns est une grande personnalité qui a joué un rôle important au Cameroun dans la sphère politique, culturelle et sportive. « Le colloque était de très haut niveau. Notre pays y était représenté par des sommités intellectuelles telles que Théophile Obenga, par d’éminents professeurs d’autres universités africaines et des historiens comme Elikia Mbokolo, tout cela sous le parrainage de l’Unesco », a souligné Jean-Claude Gakosso. « Le pays Bamoun qui est à 5 heures de route de Yaoundé, possède des vestiges et des symboles de la royauté. C’est un sujet de fierté parce que le Cameroun a su préserver ce vestige essentiel de la culture africaine. Nous étions d’autant plus intéressés que nous avions le même projet au Congo de valoriser nos chefferies traditionnelles », a-t-il expliqué.


Hermione Désirée Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Le ministre Jean-Claude Gakosso.