Dette mondiale : l’humanité sur un volcan à 338 000 milliards de dollars« L’ampleur de la hausse est comparable à celle observée en pleine pandémie. Mais cette fois, il n’y a ni virus, ni alibi », a déclaré Emre Tiftik. Un emballement record. À la fin du deuxième trimestre 2025, la dette mondiale a atteint 337 700 milliards de dollars, selon le dernier baromètre de l’Institute of International Finance (IIF). Une progression fulgurante de 21 000 milliards de dollars en six mois. Un rythme comparable à celui de la crise du covid-19. Pour certains analystes, il s’agit d’un signal d’alarme silencieux au cœur d’un système économique sous tension. Une convergence de vulnérabilités Cette flambée est attribuée à un cocktail de facteurs : conditions de financement plus souples, affaiblissement du dollar (-10 % depuis janvier), et politiques monétaires plus accommodantes dans plusieurs grandes économies. Mais les États sont les principaux responsables. Parmi les contributeurs majeurs figurent les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon. La France, avec une dette publique désormais à 115,6 % du produit intérieur brut (PIB), symbolise la spirale budgétaire qui frappe les économies avancées. « La hausse des dépenses militaires dans un contexte géopolitique tendu pèse de plus en plus lourd sur les finances publiques », analyse Emre Tiftik, directeur de recherche à l’IIF. Les émergents à la peine Les économies émergentes enregistrent une hausse de dette de 3 400 milliards de dollars sur le seul deuxième trimestre, franchissant la barre des 109 000 milliards. D’ici à fin 2025, ces pays devront rembourser près de 3 200 milliards en dettes bancaires et obligataires - un calendrier à haut risque alors que les marges fiscales sont étroites et que les devises locales restent volatiles. Une vulnérabilité américaine sous-estimée Les États-Unis, première économie mondiale, apparaissent paradoxalement comme l’un des maillons les plus sensibles. Près de 20 % de leur dette est de court terme, représentant 80 % des émissions du Trésor. Cette dépendance pourrait contraindre la Réserve fédérale à maintenir des taux artificiellement bas, posant un dilemme entre stabilité financière et souveraineté monétaire. Vers une limite systémique ? Le ratio dette/PIB mondial s’établit à 324 %, en léger retrait depuis le pic pandémique, mais demeure historiquement élevé. La question n’est plus seulement économique : elle est stratégique. Comment concilier investissements de défense, transition énergétique et équilibre budgétaire dans un monde multipolaire, marqué par le retour des rivalités de puissance ? Pour les marchés comme pour les décideurs, le compte à rebours semble enclenché. L’équation reste la même, mais le temps pour y répondre s’amenuise. La dette mondiale n’est plus seulement un indicateur macroéconomique. C’est une donnée stratégique, au carrefour des fragilités monétaires, des ambitions militaires, et des équilibres géopolitiques. Noël Ndong |