Les Dépêches de Brazzaville



Diplomatie/Covid-19 : L'Afrique appelle à produire les vaccins en terre africaine et à la co-construction avec le reste du monde


Des promesses ont été faites pour aider l’Afrique sur le plan sanitaire, et pour l’aider à relancer son économie, mais sans réel engagement financier.

Volet sanitaire 

Le chef de l'Etat français a annoncé une forte demande des pays africains, occidentaux et des institutions internationales à lever les brevets des vaccins contre la covid-19 pour permettre la production de vaccins en sol africain.  "Nous soutenons les transferts de technologie et un travail qui a été demandé à l'Organisation mondiale de la santé, l'Organisation mondiale du commerce et  Medicines Patent Pool de lever toutes les contraintes en termes de propriété intellectuelle qui bloquent la production de quelque type de vaccins que ce soit", a déclaré Emmanuel Macron devant la presse à l'issue de la conférence. Il a souligné que les participants avaient décidé une "initiative très forte pour produire massivement des vaccins en Afrique", avec en particulier des "financements de la Banque mondiale". Compte tenu de l’urgence, les participants avaient convenu de  « pousser l'ambition de Covax (organisation de distribution de vaccins aux pays pauvres) de 20% à 40% de personnes vaccinées en Afrique ».

Pour le président sénégalais, Macky Sall, les campagnes de vaccination menées dans les pays industrialisés ne garantissent "absolument pas la sécurité sanitaire". Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, président en exercice de l’UA,  a souligné que le grand enjeu est de convaincre les populations africaines. Il a mis en garde contre le risque de développement de variants extrêmement résistants, et l’inquiétude d’un « vaccin qui vient d’ailleurs », justifiant une production du vaccin en Afrique, ce qui pourrait changer l’attitude des Africains. Il a aussi dénoncé « le travail de sape des réseaux sociaux qui diabolisent la vaccination ».  

Sur le volet financier :

Le FMI a souligné un manque de 300 milliards de dollars pour l’Afrique qui a besoin d’investissements massifs pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace djihadiste. Aucun engagement ferme, mais des promesses d'engager des discussions autour des « Droits de tirage spéciaux (DTS) » du Fonds monétaire international, ont été mis. Ces DTS pourront être convertis en devises et dépensés, sans générer de dette. Emmanuel Macron a indiqué que la communauté internationale s'est accordée sur le principe d'une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l'Afrique. Pour le président français, « c'est trop peu » . Il a appelé les pays riches à allouer aux pays africains une bonne partie de leurs DTS, comme s'engage à le faire la France, pour atteindre un total de 100 milliards de dollars. Evoquant "un gros travail technique à faire", il a dit espérer un "accord politique" au sujet des DTS soit au prochain sommet du G7, soit à celui du G20, soit entre juin et octobre. La France souhaite par ailleurs ouvrir la discussion sur une mobilisation des réserves d'or du FMI. 

Sur la dette

La dette des pays africains explose depuis la pandémie. Si un moratoire a permis de donner un bol d'air aux pays les plus endettés, la prochaine étape consisterait à effacer une partie des créances, dans une démarche coordonnée, sous l'égide du G20.  Macky Sall et Félix Tshisekedi ont insisté sur la nécessité de soutenir le secteur privé africain, et de sortir d'une logique d'assistance publique internationale conditionnée à de dures réformes. Macky Sall a en particulier dénoncé le cadre "convenu" des contraintes budgétaires imposées aux pays africains, qui brident leur capacité d'investissement. Et appelé à passer d'une logique d'assistance à une dynamique de "co-construction" entre le continent et le reste de la communauté internationale.

Félix Tshisekedi a plaidé en faveur de la jeunesse africaine. Il s’est proposé d’organiser la première « Alliance pour l’entrepreneuriat » à Kinshasa durant sa présidence à la tête l’UA. « L’espoir de l’Afrique est dans sa jeunesse mais cela dépendra des dirigeants africains », a-t-il déclaré.

Les enseignements de la crise

Pour Kristalina Georgieva les crises économiques ne sont pas très différentes des hommes. "Des gens qui ont des systèmes immunitaires faibles ont été dévastées par la Covid-19. Les économies qui ont des fondamentaux faibles sont laminées par les crises économiques. Si vous avez de bons fondamentaux, vous devez être capable de résister aux chocs", a-t-elle conclu.

 


Noël Ndong