Les Dépêches de Brazzaville



Disparition : Denis Sassou N'Guesso rend un dernier hommage à Jacques Loubelo


Chanteur, griot, poète et bohème, Jacques Loubelo - encore appelé « Rossignol » par ses intimes - a eu dans sa vie, d’après le ministre de la Culture Jean-Claude Gakosso, deux passions : l’amour de la patrie et l’amour de la musique.

Dans son oraison funèbre, le chef du département de la Culture a souligné que Congo, une chanson culte de Jacques Loubelo, restera à jamais gravée dans les annales musicales du pays. Une chanson dont les paroles puisées dans la langue de la plèbe sont, au fond, un hymne à la gloire de la nation, un hymne à la grandeur de la patrie, un appel à la fraternité, un chant à tous égards comparable au chant des partisans, une invite à la célébration d’un idéal noble. « Cette chanson va toucher au plus profond les cœurs des Congolais de tous horizons au point de devenir au fil des ans et jusqu’à ce jour, un second hymne national, un véritable cri de ralliement pour le Congo. À l’instar de Congo na bisso de Pamelo ou de Tongo etani de Jean Serge Essous », a souligné Jean-Claude Gakosso.

À travers ses chanson, l’artiste congolais s’était assigné la noble mission de sensibiliser ses compatriotes aux valeurs fondamentales de la vie, aux valeurs de l’amour de son prochain, de l’amour du pays et de la solidarité humaine. « Ce don de soi pour le Congo, pour son prochain, ce trait altruiste qui lui a servi de viatique jusqu’à son dernier souffle, Jacques Loubelo les avait acquis en grande partie grâce à la rigueur de l’éducation chrétienne qu’il avait reçue auprès des pères de Bacongo », a poursuivi le ministre.

« Au-delà de l’homme cultuel, Jacques Loubelo, à travers la musique, exprimait une sorte de foi par rapport à notre pays au-delà du caractère artistique et à titre personnel. C’est une grande tristesse, une grande émotion. La dernière fois que je l’ai vu, c'était il y a à peu près un an et demi au Centre culturel français. C’est un homme que l’on ne voyait pas souvent et je me suis permis de faire savoir que, enfant autour de l’âge de 7 et 8 ans, lorsqu’il y avait des situations d’instabilité au plan sécuritaire, la radio nationale diffusait ses chansons qui étaient un appel à l’unité et à l’exhortation à l’amour de la patrie. Merci pour ce qu’il a fait et donné à notre pays, cela s’inscrit désormais dans la mémoire et le panthéon de l’histoire », a exprimé pour sa part le ministre Alain Akouala Atipault.

Clotaire Kimbolo, l’un des porte-étendards des groupes vocaux, genre dans lequel Jacques Loubelo excellait, estime que cet artiste nous laisse un message d’union nationale. Il a appris à ses confrères musiciens à chanter pour le pays. « C’est une grande perte pour la nation, je suis affligé parce que l'on a cheminé ensemble depuis les années soixante. Le dernier spectacle qu’on a donné ensemble, c’était lors de la neuvième édition du festival de la musique panafricaine », a témoigné Clotaire Kimbolo.

Le griot Marcel Kouyena, l’un des compagnons de lutte de Jacques Loubelo, a insisté sur le fait que son ami artiste était très rigoureux, qu'il aimait ce qu’il faisait en travaillant sans relâche. Et Marcel Kouyena de conclure : « Une tournée internationale, précisément en France, était en vue avec Jacques, Kali Diatou et moi-même... Mais Dieu en a décidé autrement. »


Hermione Désirée Ngoma