Les Dépêches de Brazzaville



Doing Business 2014 : la RDC opposée aux techniques de collecte des données des enquêteurs


Face à la presse, Célestin Vunabandi a fait état des problèmes de méthodologie et du déficit de communication qui ont abouti au maintien du pays dans une position loin de refléter les efforts entrepris dans l’amélioration du climat des affaires. Selon lui, le cas le plus flagrant est le recul de trente-quatre places de l’indicateur Doing Business « Création d’entreprise », au moment où toutes les réformes menées dans ce secteur ont été communiquées aux instances de la BM, et les enquêtes internes menées ont révélé une sensible augmentation de l’ouverture des entreprises. « Après la mise en place du Guichet unique de création d’entreprise, on a enregistré, sur la base d’une comparaison entre les périodes avant et après, une hausse significative sur la création d’entreprise. Il y a un certain engouement de beaucoup d’investisseurs. Quelque chose d’aussi concret qui a produit des résultats, et qui a été communiqué à la BM, est-ce qu’on peut imaginer que sur cet indicateur-là, la RDC recule de trente-quatre points ?». Poussant ses analyses plus loin encore, il a fait remarquer que le même indicateur (création d’entreprise) devait théoriquement être boosté aussi par l’adhésion du pays à l’Ohada. Or, a-t-il révélé, cet indicateur où reposait tout l’espoir du gouvernement de récolter le fruit des dures réformes menées ces dernières années est celui qui a, paradoxalement, le plus reculé.

Mais il y a une autre leçon à tirer. Selon Célestin Vunabandi, les enquêteurs n’ont pas été justes dans leur appréciation. « L’adhésion de la RDC à l’Ohada impacte effectivement sur un certain nombre d’indicateurs, cinq exactement. La BM considère l’adhésion à l’Ohada comme quelque chose de positif, mais son impact doit être évalué dans la durée. Donc, elle ne va pas jusqu’au bout de sa logique. Nous stigmatisons le fait que les experts Doing Business ont préféré voir les choses dans la durée pour les réformes positives, comme l’Ohada, mais par contre tout ce qui est négatif a impacté directement sur le classement ». Célestin Vunabandi a tiré à boulets rouges aussi sur les personnes ressources, non qualifiées pour ce genre d’exercice. « Nous communiquons des informations mais on ne les observe pas. Les enquêteurs préfèrent s’adresser à quelques corps de métier, encore faut-il que ces gens-là soient de bonne foi ».

De tout ce qui précède, la RDC reste convaincue de l’apport important du Doing Business dans l’attrait des investissements étrangers, mais il doit cesser d’être un travail de bureau. Il a invité les experts de la BM à descendre effectivement sur le terrain, au contact des réalités du pays au lieu de ne se limiter qu’aux avis des cabinets locaux et autres transitaires. Il a aussi noté une limitation géographique à Kinshasa, alors que toutes les provinces sont embarquées dans les réformes, avec la Constitution des cellules de pilotage de l’amélioration du climat des affaires. D’ailleurs le Katanga est très avancé en cette matière, quoique Kinshasa et le Kasaï avancent plus lentement en raison des résistances de l’administration. Loin de s’apitoyer sur son sort, le pays a décidé de rebondir. Dès ce 4 novembre, un séminaire atelier sera convoqué pour une auto évaluation de manière à prendre des mesures pour corriger les contreperformances. À sa quatrième année de réformes, le gouvernement a estimé qu’il y a encore du chemin à parcourir.


Laurent Essolomwa