Les Dépêches de Brazzaville



Ébola : l’Italie se joint à la course planétaire pour un médicament


Plus que jamais la course contre un vaccin ou un médicament pour lutter contre le virus hémorragique Ébola est lancée. La brusque flambée qui touche depuis le début de l’année les populations de Guinée, de Sierra Leone et du Libéria et qui a déjà fait 1000 morts en Afrique de l’Ouest selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fait prendre conscience que le monde est effectivement en face d’une menace qui doit mobiliser les efforts de tous. Le fait que deux médecins américains qui œuvraient en Afrique et la contamination d’un prêtre-médecin espagnol, premier cas en Europe, ont contribué à accélérer les procédures et les énergies.

Entre déclarations alarmistes et annonces rassurantes, la communauté internationale a surtout pris la mesure des disparités face à la maladie. L’état de santé du Dr Kent Brantly et de la missionnaire Nancy Writebol, les deux Américains qui travaillaient au Libéria où ils ont contracté la maladie, serait en progressive amélioration. Et cela, grâce à l’administration d’un médicament expérimental auquel ils ont accepté de se soumettre malgré le manque d’agrément définitif des organismes américains de certification. En attendant de savoir si le Père Miguel Pajares, médecin et missionnaire espagnol en Sierra Leone, lui aussi rapatrié dans son pays, sera soumis au même traitement, le débat a été déclenché.

Le Nigéria réclame que les malades africains soient, eux aussi, soumis aux mêmes échantillons médicamenteux au nom de l’égalité devant la maladie. Interrogé, le président américain, Barak Obama, s’est prudemment réfugié derrière l’avis des scientifiques. Pour l’OMS, pas de doute : la planète est confrontée à « une urgence de santé publique de portée mondiale ». C’est pourquoi aucun effort ne peut être épargné. Cela devrait-il aller jusqu’à ouvrir les stocks des médicaments encore entreposés dans les laboratoires où ils attendent de démontrer fiabilité et efficacité ? Un comité d’éthique devrait se prononcer dans les prochaines heures sur la question.

Écarter la peur 

En attendant, en Italie, l’université de Padoue annonce qu’elle entend se joindre à l’engagement général sollicité. Le Pr Giorgio Palu, président de la Société européenne de virologie et enseignant de virologie, y annonce avoir mis au point un médicament aujourd’hui en phase d’expérimentation sur les animaux. « Notre molécule agit en bloquant l’entrée du virus dans les cellules en se servant d’endosomes, de petits vaisseaux cellulaires. Nous sommes à la phase préliminaire de recherche, avec des études in vitro et sur modèle animal », indique-t-il.

Il se veut rassurant pour les Européens – d’Europe occidentale - qui ne doivent pas craindre une irruption brutale de cette maladie. Dans tous les cas, même dans cette hypothèse, la peur ne doit pas être de mise. « Il faut savoir qu’Ebola n’est rien d’autre qu’une parmi tant d’autres zoonoses, c’est-à-dire des maladies qui nous été transmises par des animaux, et qui nous ont frappées ces dernières décennies en partant du virus de l’HIV jusqu’à la grippe aviaire. Il y en aura certainement d’autres encore dans les années qui viennent ».

Rassurant, vraiment ? Le fait est que la molécule du chercheur au nom prédestiné est en phase de test aujourd’hui à l’institut Karolinska de Stockholm en Suède. Elle semble donner des espérances d’efficacité. Le Pr Palu explique que c’était le seul institut européen présentant des garanties suffisantes pour étudier en toute sécurité un virus aussi létal. À l’université de Padoue, ajoute-t-il, il ne lui a pas été donné la possibilité de monter un laboratoire de type B14. Seul à même de fournir un environnement de travail sûr aux virologues.


Lucien Mpama