Les Dépêches de Brazzaville



Economie : « A New road » pour accompagner l’Afrique dans la gestion de ses dettes publiques


A « New road » offre un cadre qui permet de mener  « une réflexion continue autour de la soutenabilité des dettes publiques et au financement des économies du continent africain », a déclaré la ministre, secrétaire générale de la présidence togolaise, Sandra Ablamba Johnson. Pour les experts qui le composent, « l’Afrique n’est pas surendettée, elle est sous financée et mal financée ». Ils appellent au respect de la souveraineté des Etats africains dans l’examen des préoccupations en lien avec leurs dettes. Ils annoncent, dans un premier temps, des rencontres avec les différents bailleurs de fonds du continent africain, autour de la problématique du coût et de la maturité de la dette.

A terme, l’objectif de « New road » est de plaider pour la cohérence des conditions commerciales des financements appliquées aux États africains avec celles pratiquées dans d'autres régions du monde, dans un contexte de relance post-Covid-19 où le recours à la dette s'impose, selon des économistes. L’autre priorité du Think tank est la mise à disposition des gouvernants, « de nouvelles formes de partenariats publics privés et d'outils innovants au service du développement du continent ». Il invite à revoir les conditions d'octroi de financements aux pays africains, afin d’inciter ses pouvoirs publics et décideurs à mobiliser d’importantes ressources en faveur « des secteurs clés pour l’Afrique (éducation, santé, TIC, transport, logement, agriculture, environnement, tourisme et énergie) », et à dégager dans ces secteurs, des champions nationaux et panafricains.

A travers « A New road », les experts du financement en Afrique appellent à changer de paradigme dans l’approche de la dette. La perception politique de la dette publique a profondément changé, avec la crise sanitaire et la nouvelle administration américaine. Ce nouveau contexte rend le financement extrêmement compétitif. L’Afrique est fortement mobilisée autour de la question. Ce qui met la dette de ses économies au centre des débats.

Relativement moins affectée que les autres continents par la crise sanitaire, l’Afrique n’échappe pas  aux conséquences économiques qui risquent d’asphyxier les pays les plus fragiles et les plus endettés, qui aspirent à rebondir.  Le sujet est pris au sérieux par le groupe de réflexion de « A New road », dont les origines remontent au début de la pandémie, visant à faire émerger des propositions innovantes. La dette des pays africains est estimée à 365 milliards de dollars, avec un coût élevé, mais qui représente à peine 2% du stock mondial de la dette.  « Ce qui veut dire que, si on veut vraiment accompagner l’Afrique, on peut le faire », a expliqué Sandra Ablamba Johnson. C’est ce que vise le Think tank.

Rappel historique : A leur indépendance, dans les années 1960, les pays africains avaient hérité de dettes issues de la colonisation. Ils se sont après endettés auprès de la communauté internationale pour bâtir les nouveaux États. À cette époque, les taux d'intérêt étaient très bas. Mais au fil des années, surtout après les chocs pétroliers, ces taux sont montés. Finalement les pays africains se sont retrouvés à rembourser à des taux très élevés une dette qu'ils avaient contractée à des taux très faibles. Alors qu'ils étaient déjà dans une situation d'insoutenabilité, les Politiques d'ajustement structurel ont été mises en œuvre avec des prêts de la Banque mondiale ou du FMI, en échange de réformes pour libéraliser l'économie.A partir des années 2000, la Chine est arrivée par effraction, devenant, en l'espace d'une dizaine d'années, le premier créancier du continent. Il convient de ne pas effacer des années de progrès accumulés avant la crise sanitaire.


Noël Ndong