Emancipation des femmes : Audrey Gladys, une célibattante dévouée
« Dans le béton, comme dans la maçonnerie et la soudure, elles sont peu représentatives ». Une triste réalité que la directrice compte bien changer. « La jeune fille ne croit pas en elle, elle n’a pas de vision et ne veut pas se battre pour matérialiser ses rêves. Elle se met des barrières elle-même », a indiqué la directrice qui pour l’instant ne dispose pas de politique de genre pour attirer plus de candidates à se lancer dans les métiers dits d’homme. « Mais l’école a mis en place via les réseaux sociaux une vitrine pour faire connaître le centre et proposer aux filles comme aux garçons, à venir se former et à devenir des leaders de ce pays », a informé la jeune femme. Et de poursuivre : « Le leader est une femme ou un homme qui sait se distinguer quand bien même les vents sont contraires. C’est à mon avis une personne qui n’a pas peur de défis et devant ceux-ci, il ou elle s’interroge, réfléchit et cherche à bâtir des stratégies pour s’en sortir. Cela demande de la patience, de la détermination et de la persévérance.» « Je mets un accent particulier chez les filles en leur expliquant que les temps ne sont plus les mêmes ou les épouses pouvaient compter sur leurs époux. Aujourd’hui les hommes veulent des femmes qui travaillent car les difficultés actuelles sont mieux gérées à deux », a-t-elle souligné. La directrice qui n’est nullement contre les filles qui prennent soin de leur extérieur a dit : « On n’est pas moins belle lorsqu’on sait se mettre en valeur en travaillant. Je ris souvent quand je vois des jeunes filles exposées leurs corps sur les réseaux sociaux alors qu’elles pourraient profiter des avantages comme la formation, et parfois elle est même gratuite. De nombreuses femmes n’ont pas encore intériorisé qu’elles sont capables de faire ce que les hommes font. La femme a peur de s’engager, je me suis retrouvée dans cette situation quand j’étais nouvellement nommée directrice, mais à un moment donné, il faut se dire qu’on peut le faire même si ce n’est pas facile. Avoir un poteau ne sert à rien, ce sont les compétences qui comptent et c’est possible dans notre pays.» Les difficultés, elle en fait ses escaliers pour atteindre son but « Ce qui aurait pu freiner mon élan c’est ma position de mère, j’ai deux filles et une est souvent malade », a fait noter la directrice. L’autre difficulté, a révélé la directrice, est le regard de ses collègues hommes. « Un jour, un de mes collègues m’a dit que je n’avais pas le droit d’être à la tête d’une école, parce que je n’étais pas mariée. Pour lui, le fait que je sois célibataire ne me donnait pas les aptitudes à diriger ce centre. Mais, rassurez-vous, je suis vaccinée contre tous ces préjugés machistes, et puis cela ne ralentit en aucun cas ma marche car je sais où je vais », a longuement expliqué la jeune femme qui a su s’imposer auprès de ses collègues qui en majorité sont plus âgés qu’elle. « Mes collègues me respectent parce que moi-même j’ai su me faire respecter et ce poste je le mérite », a fait savoir Mpanzou Madingou Audrey Gladys. Aussi encourage-t-elle la femme, quel que soit le lieu où elle habite ou ce qu’elle traverse, à ne pas abandonner sa vision, même si les difficultés sont nombreuses. « Banaliser les préjugés, arrêter de se plaindre et se mettre au travail. Les hommes ne sont pas mieux formés que les femmes, mais c’est le manque de confiance qui empêche la femme à briser les barrières », a conclu la directrice.
Berna Marty Légendes et crédits photo : Audrey Gladys |