Les Dépêches de Brazzaville



Enjeux de l’heure : Enfin, le gouvernement Ilunkamba affiche complet !


« Nous avons un gouvernement qui réalise la vision du chef de l’Etat. C’est la direction du changement ». Ce sont là les premiers mots de Sylvestre Ilunkamba, quelques instants après la publication de la liste des membres du premier gouvernement de l’ère Félix Tshisekedi qu’il aura à piloter. Pour le Premier ministre qui s’est réjoui de ce dénouement après près de sept mois d’attente, c’est la direction du changement qui est censée être imprimée au nouvel exécutif pour concrétiser les engagements pris par le chef de l’Etat envers le peuple congolais via le programme commun de gouvernance FCC-Cach. 

Alors que d’aucuns s’attendaient à ce que l’ordonnance présidentielle nommant les membres du gouvernement soit rendue publique en pleine journée du lundi 26 août, c’est aux petites heures qu’elle a finalement été lue par le porte-parole de la présidence, Kasongo Mwema, prenant de court de nombreux compatriotes. Après les ultimes réglages apportés à la dernière mouture présentée, le dimanche 25 août, par Sylvestre Ilunkamba conformément aux critères de sélection énoncés, il n’y avait plus de raison de faire traîner les choses. Il s’agit, entre autres, de la non-représentativité de trois provinces (Kinshasa, Mongala et Tanganyika), des personnes avec handicap et des femmes pour lesquelles le chef de l'Etat est demeuré intransigeant.   

Ainsi donc, avec l’ajoute du ministre délégué chargé des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables, l’effectif des membres du gouvernement est passé de soixante-six membres à soixante-cinq comme initialement prévu. Il comprend cinq vice-Premiers ministres, dix ministres d’Etat, trente et un ministres, trois ministres délégués et dix-sept vice-ministres. Gilbert Kankonde Malamba prend la vice-Primature de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, tandis que Celestin Tunda Ya Kasende se voit attribuer celle de la Justice et Garde des sceaux. Une femme, Elysée Munembwe Tamukumwe se positionne comme vice-Premier ministre chargé du Plan.   

Des caractéristiques

D’emblée, il y a lieu de souligner l’entrée de nouvelles figures qui représentent 77% de l’effectif des membres du gouvernement. Ces nouveaux ministres issus des partis et regroupements politiques affiliés à la coalition FCC-Cach devront travailler en synergie avec les anciens ayant déjà exercé dans le passé les fonctions ministérielles. Ces derniers représentent 23%. Le dosage est, pour ainsi dire, parfait, entre les anciens et la génération montante. L‘autre caractéristique tient à la présence féminine dans ce gouvernement. Elles représentent certes 17% par rapport aux hommes (83%), mais il faudrait ici louer la nette progression comparativement aux gouvernements antérieurs. Ici, comme l’a indiqué le Premier ministre, l’importance des portefeuilles leur attribués compense leur faible taux de participation. « Ainsi nous avons une dame vice-Premier ministre et ministre du Plan, une dame ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, une dame ministre d’Etat, ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, ainsi qu’une dame ministre d’Etat, ministre de Genre, Famille et Enfant », a expliqué Sylvestre Ilunga. Au total, douze femmes ont été nommées dans ce gouvernement.

Le Premier ministre a, par ailleurs, pioché dans le gouvernement sortant dont certaines figures ont été repêchées à l’image d’Azarias Ruberwa, Jean-Lucien Bussa, Thomas Luhaka et Steve Mbikayi reconduits respectivement en tant que ministre d’Etat à la décentralisation, ministre de Commerce extérieur, ministre de l’ESU et ministre aux Actions humanitaires.

L’on note également un certain rééquilibrage au niveau de la représentativité. La géopolitique s’est imposée comme une donne essentielle, Félix Tshisekedi tenant à voir toutes les provinces participer à l’œuvre de la refondation de l’Etat et de la reconstruction nationale.  Le Grand Kasaï a été servi à la hauteur de 25%, le Grand Kivu 22%, le Grand Katanga 15%, le Grand Bandundu 14%, le Grand Équateur 9%, Kongo central 9% et la Province orientale 6% (pour ne citer que celles-là). Enfin, aucun membre de la plate-forme de l’opposition « Lamuka » ne figure dans  cette nouvelle équipe gouvernementale. Cela étant, place au travail et que la République gagne en misant sur les compétences de ses fils et filles.


Alain Diasso