Les Dépêches de Brazzaville



Enjeux de l’heure : l’effet Trump sur la RDC entre doute et espoir


Résultat de recherche d'imagesLe fait pour le nouveau président américain d’avoir manifesté un certain désintérêt pour le continent noir dont il méconnaît les grands enjeux et défis pourrait certainement laisser des traces avec, à la clé, le renoncement des États-Unis aux pressions diplomatiques exercées sur certains États africains dont la RDC. À la différence de l’administration Obama qui était en première ligne pour exiger que le président Joseph Kabila respecte la Constitution et quitte le pouvoir au soir du 19 décembre 2016, Donald Trump pourrait jouer sur le clavier affairiste en mettant un bémol sur l’interventionnisme américain sur la politique congolaise.

En fait, l’intérêt qu’aura à manifester Donald Trump pour l’Afrique en général et la RDC en particulier sera plutôt d’ordre économique. En bon businessman et adepte d’un laisser-faire libéral, il exigera un retour sur investissement dans un continent disposant des ressources naturelles à foison qui n’attendent qu’à être exploitées. À ce sujet, la RDC pourrait revendiquer une place de choix dans les priorités de la politique étrangère de l’administration Trump pour contrer notamment l’influence déjà perceptible de la Chine. La concurrence avec la Chine est l’un des éléments qui pourraient pousser ce magnat de l’immobilier à s’intéresser au continent et à la RDC.

En effet, conscients d’être très en retard face à l’offensive chinoise en Afrique, en particulier dans le secteur économique et dans l’accès aux matières premières, il va de soi que les États-Unis vont adopter une politique pragmatique basée sur les intérêts américains avant tout économiques et sécuritaires, quitte à reléguer au second plan les exigences démocratiques. 

Mais il ne faudrait pas se laisser berner dans des illusions sans lendemain en pensant que le tour est joué. Donald Trump peut toujours surprendre. Des éléments structurels de la politique étrangère des États-Unis vont sans doute continuer. Les postes décisionnels sur la politique étrangère américaine ne sont pas tous liés à des nominations présidentielles. Ce qui veut dire que les membres-clés du bureau Afrique du département d’État ou du Pentagone pourraient rester en place avec, comme conséquence, la poursuite, d’une façon ou d’une autre, de la dynamique imprimée par son prédécesseur contre les régimes africains qualifiés d’antidémocratiques.

 Même s’il peut développer une vision de soutien auxdits pouvoirs, Donald Trump aura certainement du mal à la mettre en œuvre, pensent de nombreux analystes qui croient qu’il pourrait s’appuyer sur les lobbies africains présents dans le système américain réputés peu favorables aux « hommes forts » du continent. D’où l‘impérieuse nécessité pour la RDC de réactiver ses lobbies implantées au cœur du système politique américain pour tenter d’influer, tant bien que mal, sur les décisions de sorte à promouvoir des relations diplomatiques saines et réciproquement avantageuses avec l’administration Trump. Il s’agit, pour le pays, de militer pour un désengagement politique des États-Unis en RDC au nom de la « non-ingérence dans les affaires intérieures » d’un État pour privilégier un partenariat économique volontariste qui prenne en compte les aspirations du peuple au mieux-être.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Donald Trump