Enjeux politiques : arrivée mouvementée de Félix Tshisekedi à Lubumbashi
La tendance a continué jusqu' au matin du 23 octobre, jour de l’arrivée de Félix Tshisekedi. Une journée pas comme les autres au regard de la mobilisation générale avec, à la clé, plusieurs dizaines de militants de l’UDPS et du Rassemblement prenant la direction de l'aéroport de la Luano. Dans les quartiers chauds de Lubumbashi réputés pour leur anti-kabilisme, banderoles, rameaux, chants et slogans hostiles étaient au rendez-vous comme pour épicer une matinée qui s’annonçait événementielle. Entre-temps, une foule immense commençait déjà à prendre place aux abords du Square Forrest où Félix Tshisekedi devrait, contre l’avis du maire, s’adresser aux Lushois. C’était sans compter avec le dispositif policier impressionnant qui annihilait naturellement toute action du genre. Ce dispositif mis en place n’a pas permis aux militants de l'UDPS de se mouvoir librement dans la ville. Ordre avait été donné par la mairie de Lubumbashi de disperser tout attroupement de plus de cinq personnes. Avec abnégation et dévouement, la consigne a été rigoureusement appliquée par les éléments du général Paulin Kyungu, chef de la police du Haut-Katanga. Des policiers un peu trop zélés, à en croire des témoins sur place, ont traqué les militants et partisans de l’UDPS, interpellé et arrêté plusieurs sur le chemin de l'aéroport. La police a dû recourir, à certains endroits, aux gaz lacrymogènes pour disperser les gens. « Ils ont jeté des pierres sur ma jeep (…). Ils insultaient le chef de l’État », a fait savoir le chef de la police. La mairie de Lubumbashi entendait ainsi faire respecter sa décision de n’autoriser aucune manifestation à caractère public jusqu’à nouvel ordre. Pour le cas Félix, l’autorité urbaine s’est refusée de se dédire en réservant une fin de non recevoir à une requête de la direction de l'UDPS qui tenait à rencontrer le maire pour des dispositions utiles. « Ils ont refusé de nous rencontrer disant que leur décision était déjà prise », s’est plaint un cadre du parti. C’est sur ces entrefaites que le régulier de Kenya Airways, à bord duquel se trouvait Félix Tshisekedi, a finalement atterri à l’aéroport de Luano sous le coup de 14 heures. Après discussions sur l’itinéraire, « Fatshi » a été escorté par deux jeeps de la police sans avoir eu véritablement à communier avec sa base de Lubumbashi comme initialement prévu. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Des militants de l'UDPS sur la route de l'aéroport |