Les Dépêches de Brazzaville



Enoch Miata-Bouna Moubongo : « MBE-PRO a des compétences à faire valoir »


Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : pourquoi avoir créé la société MBE-PRO qui porte d’ailleurs les initiales de vos noms ?

Miata-Bouna Moubongo (M.B.E ): C’est vrai que MBE ce sont les initiales de mon nom mais à la base je m’intéresse beaucoup à l’histoire du Congo. En étudiant l’histoire en profondeur, j’ai découvert qu’il y a un village qui s’appelle MBE (capitale du royaume Téké). J’ai un bracelet qui porte ces initiales, et j’ai trouvé qu’il y avait là un message très important. Il y a aussi moi, très attaché à ma culture et à mon pays d’origine qui est le Congo. Et puis je me suis rendu compte qu’on avait des besoins au niveau du territoire congolais, que le reste de l’Afrique était en train  d’évoluer numériquement, informatiquement, technologiquement et qu’on allait toujours se fournir à Dubaï. Nous n’avions pas d’entité pour répondre à ces besoins là au Congo.

L.D.B.C: Est-ce la première fois qu’une entité voudrait servir de passerelle entre les besoins en informatique et les services ?  Ne venez-vous pas dans un marché qui existe déjà ?

MBE: Oui et non, parce qu’au Congo il n’y en a pas beaucoup. Il y a effectivement beaucoup d’entrepreneurs mais pas dans mon domaine où nous faisons le pont entre les éditeurs et le client final. J’ai un concurrent sinon un client  qui pourrait devenir un partenaire avec qui je travaille depuis deux ans.  Je voulais au départ mettre en avant la cybersécurité mais aussi ces questions sur la création de l’entreprise, aider l’Etat à pallier ces grands problèmes.

L.D.B.C: Quel est le segment clé que votre entreprise voudrait proposer à fort potentiel dans ce marché qui devient très concurrentiel ?

M.B.E : ce qui nous a intéressé ici c’est le matériel. Il y a le service aussi derrière. Nous avons une compétence à faire valoir. En gros il y a le service mais aussi le matériel. Je me suis rendu compte qu’on avait des produits, au départ, qui paraissaient de qualité mais qui ne durent que six mois. Et donc, le problème qui est aujourd’hui, c’est de pouvoir aider les gens de ma communauté, de mon pays à avoir les produits de qualité.

L.D.B.C: vous avez créé cette entreprise depuis 2018 en France mais depuis quand êtes-vous revenu au Congo ?

M.B.E : je suis revenu au Congo il y a deux semaines. Nous allons créer une entité sur Brazzaville pour pouvoir répondre aux besoins sur place et j’espère d’ici fin 2021 et début 2022 on va recruter des techniciens pour pouvoir réellement pallier ses besoins. L’entreprise a été créée en France en 2018 mais je voulais continuer à m’expérimenter et avoir le savoir et je me suis réellement lancé dans l’entreprenariat en décembre 2019.  J’ai eu ma première commande en janvier 2020 et en mois de mars nous avions été face à la Covid qui nous a rattrapé. Malgré la crise sanitaire nous sommes encore debout et nous continuons à travailler mais aussi à aider la communauté africaine et congolaise.

L.D.B.C : C’est dire que vous avez eu des clients ici au Congo avant même que l’entreprise s’y installe

M.B.E: exactement !  On s’est fait beaucoup de phoning, beaucoup de prospection, de mailing. Au départ c’est compliqué de pouvoir se vendre parce qu’on ne vous connaît pas. Vous êtes en France, on ne sait pas si vous êtes sérieux, si vous êtes solvable. Il a fallu beaucoup de garantie derrière. Nous avons aussi des clients en RDC, au Cameroun, au Sénégal et au Gabon. En France, on peut se déplacer physiquement mais aujourd’hui sur le continent on a du mal à se mouvoir à cause des restrictions sanitaires. C’était beaucoup de vidéos, de conférences pour montrer la stabilité de l’entreprise mais également montrer techniquement que ce qu’on proposait allait pouvoir en fait pallier les problèmes de nos clients.

L.D.B.C: quelles sont les solutions importantes que vous proposez à vos clients que ce soit au Congo ou en Afrique ?

M.B.E: Nous avons la cybersécurité. C’est autour des logiciels antivirus, par exemple. Aujourd’hui l’antivirus protège les données d’une entreprise, infrastructure, serveur, et tout ce qui est matériel, physique, imprimante, ordinateur etc… Déjà avant la crise sanitaire, nous étions au départ sur le besoin de matériel. Mais cette même crise nous a montré une réalité. Donc il a fallu s’adapter et étudier le marché sur le Congo mais aussi sur tout le  continent africain pour pouvoir régler ces détails là qui pourraient ou  qui ont ralenti certaines entreprises.

LDBC : On parle de beaucoup de mobilité que ce soit dans l’entreprise ou à la maison. Quelle solution pour les entreprises qui veulent franchir ce cap en toute sécurité ?

MBE: Aujourd’hui la crise sanitaire nous a un peu fait mal mais on se rend compte que beaucoup de personnes font du télétravail. Donc on est obligé d’avoir un moyen pour pouvoir se connecter à distance, donc il faut un ordinateur. Il faut que l’entreprise aussi qui vous emploie ait les serveurs qui puisse permettre de pouvoir vous connecter depuis chez vous au réseau de l’entreprise. Ce sont des besoins effectivement qui devraient nous permettre de pouvoir être mobile et se déplacer, se pointer n’importe où.

L.D.B.C: Vous parlez de patriotisme en évoquant votre retour au Congo. Comment comptez-vous faire accepter votre entreprise et contribuer aux problématiques lancinantes telles l’emploi et la formation ?

M.B.E: je pense personnellement que la jeunesse ne sait pas quoi faire après les études. Les jeunes s’expatrient vers l’extérieur. Il y a aussi ceux qui étudient à l’étranger qui aimeraient, souhaiteraient rentrer au pays mais qui n’ont pas d’opportunité. Ce que j’aimerai apporter sur le continent c’est de donner envie à cette jeunesse de revenir, de montrer et de proposer un recrutement aux étudiants diplômés, soit de les prendre en stage pour les reformer et les recruter par la suite, en licence, master 1 et master 2 pour pouvoir développer ce côté patriotique sur lequel on ne sait pas comment se déployer.

L.D.B.C: un mot de la fin

M.B.E: MBE-Pro est une entreprise qui est là pour vous aider. On répond à tous les besoins. Je tiens à remercier les autorités, toutes les personnes qui nous ont aidés à  être présents sur le territoire,  de pouvoir communiquer.

 

 

 


Propos recueillis Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Enoch Miata-Bouna Moubongo