Les Dépêches de Brazzaville



Environnement : la conférence de l’ONU sur les océans appelle les Etats à la responsabilité


Parmi les recommandations formulées, Antonio Guterres a souligné le besoin urgent d’investir durablement dans les économies dépendant de la mer. Il a déclaré qu’il espérait que la conférence représenterait un moment d’unité pour tous les États membres. Soulignant que l’océan « nous reliait tous », le secrétaire général a a révélé que, par complaisance, l’humanité était aujourd’hui confrontée à une « urgence océanique » et que le vent devait impérativement tourner. « Notre incapacité à prendre soin de l’océan aura des répercussions sur l'ensemble du programme 2030 », a-t-il fait savoir.

Lors de la dernière conférence des Nations unies sur les océans, il y a cinq ans à New York, aux Etats-Unis, les délégués avaient appelé à inverser le déclin de la santé des océans. Depuis lors, des progrès ont été réalisés, a soutenu le chef de l’ONU, avec de nouveaux traités en cours de négociation pour faire face à la crise mondiale des déchets plastiques, ainsi que des avancées scientifiques, conformément aux recommandations de la Décennie des Nations unies pour l’océanographie au service du développement durable (2021-2030).

« Mais ne nous faisons pas d’illusions. Nous devons faire beaucoup plus, tous ensemble », a souligné ce dernier.

Il a ainsi exhorté les parties prenantes à investir dans des économies océaniques durables dans les secteurs de l’alimentaire, des énergies renouvelables et des moyens de subsistance, par le biais de financements à long terme. Il a rappelé que sur l’ensemble des dix-sept Objectifs de développement durable (ODD), le quatorzième, relatif à la conservation des océans, avait reçu le moins de soutien de tous les ODD. Or « la gestion durable des océans pourrait aider l'océan à produire jusqu'à six fois plus de nourriture et à générer quarante fois plus d'énergie renouvelable qu’il ne le fait actuellement », a déclaré le secrétaire général de l’ONU.

Reproduire les stratégies gagnantes

Pour Antonio Guterres, « l’océan doit devenir un modèle de gestion des biens communs mondiaux, ce qui implique de prévenir et de réduire les pollutions marines de toutes sortes, qu'elles soient d'origine terrestre ou marine ». Cela suppose de renforcer des mesures de conservation efficaces par zone, ainsi que la gestion intégrée des zones côtières.

Le chef de l'ONU a également appelé à protéger davantage les océans et les personnes dont la vie et les moyens de subsistance en dépendent, en s'attaquant aux changements climatiques et en investissant dans des infrastructures côtières résistantes au climat. « Le secteur du transport maritime devrait s'engager à ne produire aucune émission nette d'ici à 2050, et présenter des plans crédibles pour mettre en œuvre ces engagements. Et nous devrions investir davantage dans la restauration et la conservation des écosystèmes côtiers, tels que les mangroves, les zones humides et les récifs coralliens », a souligné Antonio Guterres.

Invitant tous les États membres à se joindre à l’initiative récemment lancée pour atteindre l’objectif d'un système global d'alerte précoce d'ici à cinq ans, celui-ci a déclaré que cela permettrait d'atteindre les communautés côtières et celles dont les moyens de subsistance dépendent des mesures de protection d'alerte précoce en mer. Enfin, le secrétaire général de l’ONU a souligné la nécessité de renforcer la science et l'innovation pour écrire un « nouveau chapitre de l’action mondiale pour les océans ».

En guise de conclusion, il a cité un proverbe swahili : « Bahari itatufikisha popote », signifiant « l’océan mène à tout », et a appelé tous les peuples à s’engager. La conférence a été présidée par le chef de l’Etat kényan, Uhuru Muigai Kenyatta, et celui du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa. « Nous espérons quitter Lisbonne avec une vision claire des options et des voies de financement. L'océan est la ressource la plus sous-estimée de notre planète », a déclaré le président Kenyatta, soulignant que les jeunes devaient se tenir aux premières loges de la discussion et qu'ils faisaient partie de la solution.

S’adressant à son tour aux participants à la conférence, le président portugais, Rebelo de Sousa, a dit que Lisbonne, la capitale du Portugal, était le lieu idéal pour la conférence sur les océans, car l’océan a joué un rôle essentiel dans la transformation de ce pays. Toujours lors de cette conférence, la vedette de cinéma et militant pour la conservation des océans, Jason Momoa, a été désigné comme le défenseur de la vie subaquatique du Programme des Nations unies pour l'environnement.

L’acteur du film « Aquaman », qui a travaillé avec les associations « Sustainable Coastlines Hawaii » et « rePurpose Global », a décrit l’humilité avec laquelle il s’est senti investi de la responsabilité de promouvoir la santé des océans : « Avec cette désignation, j'espère poursuivre mon propre voyage pour protéger et conserver les océans et tous les êtres vivants sur notre belle planète bleue, pour notre génération et les générations à venir », a-t-il indiqué.

 

 


Boris Kharl Ebaka