Les Dépêches de Brazzaville



Environnement : le ministre Henri Djombo dénonce certaines ONG extrémistes


Depuis 2000, le Congo s’est engagé dans la gestion durable de ses forêts. Une véritable révolution dans le secteur, qui a commencé par une série de textes et de lois mis en place au niveau national, s’est poursuivie par la ratification de diverses conventions internationales, pour se conclure par une présence sur le terrain au travers de concertations tripartites où se retrouvent des représentants de l’Administration, des exploitants, de la société civile et des communautés locales.

Résultats : 6 millions d’hectares de forêts sous aménagement, dont 3,6 millions avec des plans, et 2,5 millions d’hectares de forêts certifiées FSC. Le Congo détient ainsi la plus grande superficie de forêts tropicales contiguës certifiées au monde. Un succès qui n’a pas arrêté les efforts du Congo qui, dans la lutte contre l’exploitation illégale des bois, a signé l’Accord de partenariat volontaire le 17 mai 2010.

IFO fait les frais de l’incurie d’une société basée en RDC

Malgré ces efforts, le Congo reste la cible des lobbies environnementalistes qui glosent à l’envi sur les forêts congolaises et leurs ressources, qui seraient non seulement pillées, mais n’obéraient pas aux normes d’une gestion durable et d’une protection conséquente. L’activisme de ces ONG a payé puisque le FSC, le label de certification de renommée internationale qui évalue le Congo, n’a pas hésité à retirer son certificat à l’Industrie forestière d’Ouesso (IFO), basée à Ngombé, dans la Sangha. Une mesure « injuste et injustifiée », selon les autorités forestières de la République du Congo. Filiale du groupe Danzer, IFO paye pour les négligences d’une société appartenant au même groupe, Siforco, en activité en RDC. Or, comme le souligne le ministère de l’Économie forestière, le certificat délivré à IFO couronne l’observation des bonnes pratiques forestières. Ce certificat est délivré au nom de l’entreprise et non du Groupe Danzer.

Une décision que les autorités du Congo-Brazzaville qualifient d’« incongrue » et qui laisse penser que le FSC est manipulé par des ONG extrémistes. De l’avis des spécialistes, le Congo paye le monopole concédé au FSC.

Vers une rupture annoncée ?

Bien que la pilule soit amère, le Congo continue d’afficher son engagement pour gérer durablement ses forêts. Sur le plan du contrôle, le regard semble tourné vers la certification panafricaine pour laquelle l’Organisation africaine du bois a obtenu le principe d’endossement par le Programme de reconnaissance des certifications forestières (Pan European Forest Certification – PEFC).

La mission de Pokola semble déterminante pour l’avenir du FSC au Congo. En quelque sorte, Kim Castersen est donc, lui aussi, soumis à un audit. À lui de convaincre le gouvernement congolais et les responsables des sociétés forestières, réunies pour la circonstance à Pokola, sur les pratiques de son institution s’il veut sauvegarder sa position au Congo.

Après les débats qui ont suivi l’arrivée de la délégation, hier après-midi, ce vendredi est consacré à une visite en forêt où une séance d’abattage d’arbre va être organisée pour instruire les invités du ministre sur ce qui se fait au quotidien dans les forêts congolaises certifiées. Avant de quitter la cité forestière de Pokola, samedi, des entretiens sont prévus entre les parties. La colère du ministre Djombo contre les ONG extrémistes est renforcée par le refus de ces dernières de faire le déplacement au Congo pour constater sur le terrain les pratiques qui ont réellement cours. Le glas va-t-il sonner à Pokola ? 


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Légendes et crédits photo : 

La forêt au nord du Congo (Crédit photo CIB)