Les Dépêches de Brazzaville



Environnement : le rapport Planète vivante du WWF révèle une chute dévastatrice d’animaux sauvages depuis 1970


Selon le rapport publié le 13 novembre 2022 par le Fonds mondial de la nature (WWF), les populations d’espèces sauvages surveillées - mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons - ont connu une chute dévastatrice de 69 % en moyenne depuis 1970. Il met, en effet, en lumière les sombres perspectives de l'état de la nature et avertit de toute urgence les gouvernements, les entreprises et le public de prendre des mesures transformatrices pour inverser la destruction de la biodiversité.

Dans un communiqué sur ce rapport, il est noté qu’avec son plus grand ensemble de données à ce jour, comprenant près de 32 mille populations de 5 230 espèces, l'Indice planète vivante (IPV), fourni dans le rapport par la Zoological society of London (ZSL), montre que c’est dans les régions tropicales que les populations de vertébrés surveillés s’effondrent à un rythme particulièrement vertigineux. « Le WWF est extrêmement préoccupé par cette tendance, étant donné que ces zones géographiques comptent parmi les plus riches en biodiversité au monde », fait savoir ce communiqué.

Ces données de l'IPV, précise ce communiqué, révèlent notamment qu'entre 1970 et 2018, les populations d'espèces sauvages surveillées en Amérique latine et dans la région des Caraïbes ont chuté de 94 % en moyenne.

A en croire ce rapport, en moins d’une vie, les populations d'eau douce surveillées ont aussi chuté de 83 % en moyenne, soit le plus grand déclin de tous les groupes d'espèces. « La perte d'habitat et les obstacles aux voies de migration sont responsables d'environ la moitié des menaces pesant sur les espèces de poissons migrateurs surveillées », souligne le rapport. « Nous sommes confrontés à la double urgence du changement climatique induit par l'homme et de la perte de biodiversité, menaçant le bien-être des générations actuelles et futures », a indiqué le directeur général du WWF international, Marco Lambertini, commentant ces résultats.

Une chute dévastatrice des populations d'animaux sauvages

Le WWF s’est dit extrêmement préoccupé par ces nouvelles données qui montrent une chute dévastatrice des populations d'animaux sauvages, en particulier dans les régions tropicales qui abritent certains des paysages les plus riches en biodiversités au monde.

Pour cette ONG internationale, en effet, la réunion des dirigeants du monde, lors de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB COP15), prévue en décembre prochain, est une occasion unique de rectifier le tir pour le bien des populations et de la planète. « Le WWF plaide pour que les dirigeants s'engagent dans un accord de ‘’type de l’Accord de Paris’’ capable d'inverser la perte de biodiversité afin de garantir un monde positif pour la nature d'ici 2030 », a souligné cette ONG. « Lors de la conférence COP15 sur la biodiversité qui se tiendra en décembre, les dirigeants auront l’occasion de réinitialiser notre relation brisée avec le monde naturel et d'assurer un avenir plus sain et plus durable pour tous, grâce à un accord mondial ambitieux en faveur de la biodiversité », a déclaré le Dr Lambertini. Face à l'escalade de notre crise de la nature, a-t-il fait savoir, il est essentiel que cet accord donne lieu à des actions immédiates sur le terrain, notamment par la transformation des secteurs responsables de la perte de la nature et par un soutien financier aux pays en développement.

Pour le directeur de la conservation et des politiques à la ZSL, Dr Andrew Terry, « l'Indice Planète Vivante met en évidence la façon dont nous avons réduit les fondements mêmes de la vie et la situation continue de s'aggraver. La moitié de l'économie mondiale et des milliards de personnes dépendent directement de la nature. La prévention de l'appauvrissement de la biodiversité et la restauration des écosystèmes vitaux doivent figurer en tête des priorités mondiales pour faire face à l'aggravation des crises climatiques, environnementales et de santé publique ».

Ce rapport indique que les principaux facteurs de déclin des populations d'espèces sauvages sont la dégradation et la perte d'habitats, l'exploitation, l'introduction d'espèces envahissantes, la pollution, le changement climatique et les maladies. Plusieurs de ces facteurs, souligne cette étude, ont joué un rôle dans la chute de 66 % des populations d'animaux sauvages en Afrique sur la période, ainsi que dans la chute globale de 55 % en Asie-Pacifique.

Le apport Planète vivante, souligne le communiqué du WWF, indique clairement qu'il ne sera pas possible d'assurer un avenir positif pour la nature sans reconnaître et respecter les droits, la gouvernance et le leadership en matière de conservation des peuples autochtones et des communautés locales du monde entier.

Selon ce rapport, dont les auteurs appellent les responsables politiques à transformer les économies, afin que les ressources naturelles soient correctement valorisées, l'intensification des efforts de conservation et de restauration, la production et la consommation de denrées alimentaires en particulier de manière plus durable, et la décarbonisation rapide et profonde de tous les secteurs peuvent atténuer les deux crises.

Le rapport Planète vivante contient des chiffres choquants directement liés aux crises interdépendantes du climat et de la biodiversité. Mais, pour le Dr Lambertini, en réponse, si l’on veut arrêter et inverser la perte de la nature et garantir un avenir florissant pour les personnes et la nature, on doit adopter un changement transformateur des systèmes. « Les chefs de gouvernement doivent s'impliquer dans la COP15. Le monde nous regarde », a-t-il conclu.


Lucien Dianzenza

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