Les Dépêches de Brazzaville



Festival du film européen-africain 2025 : regard croisé sur les réalités contemporaines des deux continents


En présence de plusieurs convives, à savoir le ministre Léon Juste Ibombo, des diplomates, des acteurs culturels et bien d'autres, la soirée a démarré sous le signe de la rencontre et du partage, dans le cadre des célébrations du mois de l’Europe et du partenariat UE-Congo. Pour Azaad Mante, responsable de la communication à la délégation de l’UE, ce festival est « un moment important, même le temps fort de nos activités du mois de l’Europe ». Il s’agit d’un espace où les enjeux de coopération entre l’Europe, le Congo et l’Afrique prennent une forme artistique et sensible. Et dans un format itinérant, le festival ira au-devant des publics à Brazzaville, Pointe-Noire, Kinkala et Nkayi. Une manière, selon elle, « d’emmener le cinéma vers les gens » et de proposer une programmation faite de comédies, de drames et de regards croisés.

À ses côtés, Lionel Vignacq, directeur de l’IFC, a rappelé le rôle de son institution dans la promotion de la diversité culturelle et le soutien au cinéma africain émergent. La soirée marquait aussi un moment symbolique : l’union entre le festival européen-africain et le jeune Wisu film festival, porté par la réalisatrice et responsable de la Forge production, Armelle Luyzo Mboumba.

« L’histoire de Souleymane » : un miroir cru de la migration

Le film projeté en ouverture, L’histoire de Souleymane, raconte les 48 heures décisives d’un jeune Guinéen en quête d’asile à Paris. Porté par Abou Sangaré, non-acteur jouant son propre rôle, le film a profondément marqué l’assistance. « Depuis que j’ai traversé la mer Méditerranée, j’ai tout connu : la misère, le rejet… », confiait Sangaré dans un extrait bouleversant de son discours de remerciement au Festival de Cannes.

Le public n’a pas été épargné par l’émotion. « Ce film, c’est une claque », a lâché Radji Louemba, jeune spectatrice. « Moi aussi j’ai un oncle en France. On pense que c’est facile, mais cette histoire montre que non ». Même sentiment du côté des professionnels du secteur. La cinéaste Liesbeth Mabiala salue « une œuvre essentielle, qui nous oblige à revoir notre regard sur la migration. C’est du cinéma qui fait mal, mais qui fait du bien à nos consciences ». Le choix de ce film comme ouverture n’était pas anodin : il incarne parfaitement le thème du festival Wisu, « Le cinéma, miroir de la société : du passé au présent ».

Un double festival, un seul message : créer du lien 

La fusion du festival du film européen-africain et le Wisu film festival vise à porter haut les couleurs de la richesse et de la vitalité du cinéma européen, africain et congolais. A travers cette collaboration, Armelle Luyzo revendique un cinéma « vivant, audacieux et ouvert sur le monde » , qui transmet, émeut, provoque. « Chaque film est un fragment de mémoire, un geste politique, un acte d’amour », a-t-elle déclaré.

Ce premier soir a donné le ton d’un festival exigeant, engagé, tourné vers la jeunesse et les réalités de notre temps. Entre fresques murales, exposition-photo, films poignants, regards croisés et voix émergentes, le cinéma devient ici un outil de diplomatie culturelle, mais aussi une arme douce pour éveiller les consciences. Jusqu’au 13 juin, l’Europe et l’Afrique dialogueront par l’image à l’écran par des projections, comme dans différents sites de ce double festival au rythme des conférences et ateliers.


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- L’ambassadeur de l’UE, Anne Marchal, ouvrant le festival/Adiac 2- Le directeur de l’IFC, Lionel Vignacq, et la directrice du Wisu film festival, Armelle Luyzo, prononçant leurs allocutions/Adiac 3-Des captures de quelques séquences du film « L’histoire de Souleymane »/Adiac