Les Dépêches de Brazzaville



Festival du film européen : le Ciné-club de Kinshasa annule la programmation de « Servants »


 L’affiche de La star, film de Kevin Mavakala (DR)Sans ambages, le réalisateur Tshoper Kabambi a expliqué au "Courrier de Kinshasa" le motif de l’annulation du film du Slovaque Ivan Ostrochovský, "Servants", au Ciné-club. « Cette décision est prise en soutien et par solidarité à notre ami, collègue et membre du ciné-club, Kevin Mavakala, à qui le visa a été refusé sans raison valable alors que son film, “La star“, est sélectionné au festival de Cannes », a-t-il précisé.

Indigné par ce refus qu’il ne s’explique pas, le coordinateur de Bimpa Production, coproducteur de "La star" avec Pole’Arts, le dénonce vivement rappelant que ce n’est pas une première. « Cette même situation est arrivée à notre collègue Junior Kapinga dont le film était aussi sélectionné au Festival de Cannes l’année passée », a-t-il dit remonté. Dès lors, a ajouté Tshoper : « Nous exigeons un respect réciproque car tout artiste européen dont le film est sélectionné dans nos festivals obtient son visa sans problème ».Badge d’accréditation de Kevin Mavakala à la quinzaine des réalisateurs du 75e Festival de Cannes (DR)

Ainsi qu’il n’a de cesse d’en parler sur les réseaux sociaux, Tshoper s’interroge sur la raison qui motive ce refus de l’ex-Maison Schengen. Pour ce membre fondateur du Ciné-club de Kinshasa, il est incompréhensible que les faits se répètent de manière consécutive. « Deux ans de suite, nos courts métrages sont programmés au Festival de Cannes mais nos jeunes réalisateurs, quoique pris intégralement en charge par le prestigieux événement, essuient un refus de visa. L’on se demande pourquoi », a-t-il dit. En effet, alors que Bimpa Production bataille dur « pour l’émergence, la visibilité et la promotion du cinéma en République démocratique du Congo (RDC) » mais aussi celui de la RDC à l’international, le cinéaste s’insurge contre la sentence du CEV. Et de s’interroger alors : « Où se trouve donc ce soi-disant partenariat Nord-Sud ? ». Est-il brandi « seulement quand cela arrange une partie ? », a-t-il renchéri, concluant : « L’hypocrisie et le complexe de supériorité sont une utopie, maintenant leur époque est révolue ».

Pantois face au refus de visa notifié à Kevin Mavakala la veille de son départ, Tshoper Kabambi ne sait visiblement pas à quel saint se vouer. Dépité, il a invoqué les faits de la sorte : « En 2021, ce fut Junior Kapinga dont le film "Interrogatoire secret" était programmé à Cannes. En 2022, en ce moment même, c’est au tour de Kevin Mavakala de connaître le même sort. L’année prochaine à qui sera le tour ? »

 

 

 


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1- L’affiche de La star, film de Kevin Mavakala / DR 2- Le badge d’accréditation de Kevin Mavakala à la quinzaine des réalisateurs du 75e Festival de Cannes / DR