France : à la veille du débat sur la déchéance de nationalité, Christiane Taubira livre un réquisitoire dans « Murmures à la jeunesse »Edité par les Editions Philippe Rey, Christian Taubira livre un réquisitoire dans « Murmures à la jeunesse ». Elle expose les raisons de son opposition à la déchéance de nationalité, objet de son départ du gouvernement. Imprimé dans le secret en Espagne et tiré à 40 000 exemplaires, Christiane Taubira a toutefois pris soin de remettre un premier exemplaire au président français François Hollande, avant même sa démission. Dans un essai 94 pages, l’ancien garde des Sceaux argumente sur l’inefficacité de la déchéance de nationalité dans la lutte contre le terrorisme, « ses effets nuls en matière de dissuasion » et sa portée symbolique négative : « à qui parle et que dit le symbole de la déchéance de nationalité pour les Français de naissance ? Puisqu’il ne parle pas aux terroristes […], qui devient, par défaut, destinataire du message ? Celles et ceux qui partagent, par totale incidence avec les criminels visés, d’être binationaux, rien d’autre », d’après elle. Pour Christiane Taubira, « céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique ». Pour elle, « un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux ». Sinon « que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables ? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils seraient regroupés ? », soulignant un « désaccord politique majeur ». Elle se sent habitée par « le tourment jusqu'à la tombe, l’inquiétude. L’intranquillité ». Elle s’interroge : « peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose. Peut-être serait-il plus raisonnable d’être raisonnable et de laisser passer (...). Ne pas ajouter au trouble. (…) Ne vaut-il pas mieux alors un cri et une crise plutôt qu’un long et lent étiolement ? ». « Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience », avoue-t-elle. L’Assemblée nationale entame le 5 février l’examen de la réforme constitutionnelle dont le vote est fixé au 11 février. Le livre de Christiane vient relancer avec force et vigueur le débat déjà non consensuel à gauche, sur la déchéance de la nationalité. Pour l’ancien Premier ministre, Michel Rocard, la déchéance de nationalité est une chose grave, car « elle désacralise la nationalité ». Elle juge l’emballement symbolique excessif. Invitée dans le cadre de ses fonctions gouvernementales à New York, pour participer à une conférence de Institute of African American Affairs de New York University, l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira a donné une conférence devant des étudiants, sur le thème « Paroles de liberté ». Noël Ndong |