Les Dépêches de Brazzaville



Golfe de Guinée : les actes de piraterie maritime risquent de repartir à la hausse


Selon des sources judiciaire et maritime, le Grebe Bulker, une embarcation de 190 m de long appartenant à la compagnie de transport maritime américaine Eagle Bulk Shipping Inc., battant pavillon des Îles Marshall, a été attaquée par des pirates. Le bateau a subi cet assaut alors qu’il était au mouillage à moins de 8 km au large du port commercial gabonais d’Owendo, dans la banlieue de la capitale, Libreville.

Les personnes kidnappées « ont été enlevées par des inconnus (…). Trois membres de l’équipage sont portés disparus, la police gabonaise mène l’enquête », a confirmé un responsable des autorités maritimes internationales sous couvert d’anonymat. Evoquant cet enlèvement, le consulat général de France dans la capitale gabonaise a parlé d’« acte de piraterie » et rappelé « ses recommandations d’éviter toute navigation de plaisance dans la zone du golfe de Guinée ».

Le 10 avril dernier, « des personnes non identifiées » avaient investi, à quelque 550 kilomètres au large de la Côte d’Ivoire, un navire-citerne immatriculé à Singapour. Selon les responsables de cette embarcation, vingt membres d’équipage de diverses nationalités se trouvaient à bord du Success 9 lorsque des individus sont montés à son bord.

Outre cela, et pas plus longtemps qu’en mars dernier, des pirates se sont emparés d’un pétrolier danois au large de Pointe-Noire, en République du Congo, enlevant six membres d’équipage avant d’abandonner le navire. Il s’agissait du Monjasa Reformer, battant pavillon libérien, qui avait été attaqué par une embarcation de pirates alors qu’il se trouvait à 140 milles marins au large du port congolais. Fort heureusement, les six marins ont été libérés au Nigeria, a annoncé l’armateur du navire, sur fond de signe de reprise des attaques dans l’est du golfe de Guinée.

Les armateurs réclament une présence navale étrangère

Route maritime cruciale bordant des pays riches en hydrocarbures, le golfe de Guinée, qui s’étend sur 5 700 kilomètres entre le Sénégal et l’Angola, est depuis plusieurs années le nouveau point noir de la piraterie mondiale, même si les actes de piraterie avaient ralenti récemment. Mais selon les transporteurs, depuis 2021, les pirates mènent des attaques plus loin, dans les eaux internationales. Leur violence et leurs techniques sophistiquées ont encouragé les entreprises du secteur à réclamer une présence navale étrangère plus importante.

Face à la multiplication des attaques dans le golfe de Guinée, le Centre d’information sur la piraterie, émanant du Bureau maritime international, souhaite que des mesures draconiennes soient prises pour endiguer le phénomène. « Il apparaît que les attaques graves se multiplient dans le golfe de Guinée. Nous espérons que davantage de navires de guerre internationaux équipés de moyens héliportés pourront patrouiller dans la zone », a déclaré Noel Choong, le directeur du centre d’observation de la piraterie du Bureau maritime international, basé à Kuala Lumpur, en Malaisie.

Le Danemark, importante puissance de marine marchande via son géant Maersk, fait partie des pays qui ont contribué à la chute des actes de piraterie maritime. Ses autorités avaient envoyé une frégate dans le golfe de Guinée à l’automne 2021. Ce qui a fait qu’en 2022, seulement une vingtaine d’accrochages a été recensée dans la région, selon le Maritime information cooperation & Awareness center. Il y en avait eu cinquante-deux en 2021 et cent quinze en 2020, à en croire l’organisme d’expertise en sûreté maritime installé à Brest, en France.

L’Association danoise des armateurs estime que les problèmes de piraterie dans le golfe de Guinée sont loin d’être résolus. L’organisation de marine marchande s’inquiète notamment de voir les attaques repartir à la hausse. Quant aux agressions de ces dernières années, les observateurs s’accordent pour dire qu’elles sont menées à bord d’embarcations rapides par des malfrats nigérians.

 

 

 


Nestor N'Gampoula