Les Dépêches de Brazzaville



Golfe de Guinée : une intervention maritime internationale s’impose


Auparavant concentrées au large de l’Afrique de l’Est, les attaques y ont considérablement diminué après le déploiement d’une armada militaire internationale, tandis que la situation s’est dégradée dans le golfe de Guinée. Devant cette situation, le plus grand transporteur maritime au monde, Maersk, appelle au déploiement rapide d’une importante intervention maritime internationale pour lutter contre la piraterie dans la région. Ce qui s’avèrerait salutaire puisque la piraterie est depuis longtemps un risque majeur dans le golfe de Guinée, une route commerciale qui s’étend des côtes du Sénégal au nord à celles de l’Angola.

Rien qu’en 2020, 130 des 135 enlèvements de marins recensés dans le monde ont eu lieu dans le golfe de Guinée, selon un récent rapport du Bureau international maritime. Un mode d’action devenu plus lucratif que les attaques contre les pétroliers. Cette année, 16 actes de piraterie ont été commis dans la région, d’après le cabinet spécialisé en sécurité maritime Dryad Global. Le MICA Center (Maritime Information Cooperation & Awareness Center), le pôle d’expertise français dédié à la sûreté maritime souligne que le golfe de Guinée « demeure la zone la plus dangereuse du monde » en matière d’actes de piraterie.

Une situation qui pousse les transporteurs maritimes à réclamer une présence navale étrangère renforcée, comme celle déployée il y a dix ans au large de la Somalie. Et plusieurs lobbies de transporteurs danois, indien ou encore chypriote, plaident pour un changement de stratégie face à ces tactiques plus sophistiquées. Tous souhaitent que la présence maritime internationale soit renforcée près des côtes ouest-africaines, sur le modèle de l’opération européenne Atalante pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, il y a une dizaine d’années.

L’Europe privilégie une présence maritime coordonnée

« En 2021, aucun matelot ne devrait avoir peur de naviguer nulle part à cause des pirates, on n’en est plus à l’âge de la piraterie ! », estime Aslak Ross, en charge des normes maritimes chez le danois Maersk, le plus grand transporteur en mer au monde. « Une solution est d’obtenir de la communauté internationale de soutenir une mission à court-terme », selon cet expert, en parallèle des efforts engagés à long terme pour renforcer les capacités anti-pirateries des pays côtiers.

Si les Occidentaux n’envisagent pas à ce stade d’opération maritime européenne sur le modèle d’Atalante, certains Etats mettent en avant la mise en place d’une « présence maritime coordonnée » (CMP) dans le golfe de Guinée, validée par l’Union européenne et qui comprend outre la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. La CMP, lancée fin janvier, consiste en un partage d’informations et de renseignement ainsi qu’une mise à disposition de moyens : concrètement les navires militaires qui s’y trouvent veillent et transmettent l’information à une cellule européenne.

Pour l’UE, c’est la preuve d’un « plus grand engagement opérationnel européen » mais pour la chercheuse Jessica Larsen, de l’Institut danois des relations internationales, cela reste de la surveillance que de l’intervention pure. « Il semble y avoir un manque de volonté politique pour lancer une opération militaire du côté européen » dans ce dossier, pense l’experte qui pointe aussi les réticences des États de la région, soucieux de préserver leur souveraineté.

Les transporteurs souhaitent, en outre, que se tiennent des opérations similaires à l’exercice naval de grande envergure Obaganme Express, qui s’est tenu en mars et qui visait à améliorer la lutte conjointe contre la piraterie et les autres activités illégales maritimes dans le golfe de Guinée. A cette occasion, six navires, deux remorqueurs, deux hélicoptères et un avion de patrouille maritime de l’armée nigériane ont été déployés aux côtés de navires de guerre des marines américaine, britannique, française et italienne. 

 


Nestor N'Gampoula