Les Dépêches de Brazzaville



Guerre dans l'Est : le M23 viole à nouveau le cessez-le-feu


L'obstination des terroristes du M23, supplétifs du Rwanda, à maintenir dans leur giron les territoires congolais déjà sous leur occupation est demeurée intacte. Au front, les lignes n'ont donc pas bougé au grand désenchantement des compatriotes des zones occupées qui espéraient mieux. Mais hélas !

Après quelques jours d'accalmie relative, les combats ont curieusement repris sur les fronts Nord et Sud autour des localités contrôlées par les rebelles, dans la province du Nord-Kivu, faisant plusieurs morts et blessés civils, selon des sources hospitalières et humanitaires. Et dire que c'était juste la veille de l'entrée en vigueur du nouveau cessez-le-feu! Le M23 a, en effet, attaqué les positions de l'armée régulière sur deux axes stratégiques: Kibirizi-Rwindi et Mabenga-Rwindi. La cité de Saké, à une vingtaine de kilomètres de Goma, a également été la cible des tirs à longue portée provenant de ce mouvement terroriste. Dans la foulée, quelques sites des déplacés ainsi qu'une position des troupes burundaises de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) ont aussi essuyé des tirs du M23 qui, visiblement, n'a cure de la pression internationale.

Pendant que le président français Emmanuel Macron, de passage récent à Kinshasa, brandissait le spectre de la sanction en cas de non respect du cessez-le-feu, le M23 est resté à l'offensive, toujours enclin à s'emparer de nouvelles localités congolaises. Le communiqué des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), publié dans la soirée, est on ne peut plus explicite à ce sujet. Il est fait état des « crimes contre l’humanité et de violation de droit international humanitaire » dont s'est rendu coupable le M23.

Le décompte macabre est hallucinant. Dans la foulée, la CAE a été invitée « à constater le plus rapidement ces faits et d’en tirer toutes les conséquences qui s’imposent ». Et pourtant, quelques heures auparavant, la direction du M23 s'était fendue d'un communiqué dans lequel elle soutenait l'option d'un cessez-le-feu immédiat avec, en prime, l'exigence d'un dialogue direct avec le gouvernement. Un vœu pieux lorsqu'on sait que l'exécutif national, qui s’est résolument inscrit dans la droite ligne du processus de Luanda, n'entend pas se dédire à ce sujet.

Pour Kinshasa, le M23 doit impérativement arrêter d’attaquer les positions des FARDC, conformément au nouveau calendrier adopté le 17 février à Addis-Abeba qui prévoit un « retrait de tous les groupes armés » d’ici au 30 mars prochain. En clair, ce groupe terroriste doit d’abord se retirer et se regrouper au pied du mont Sabyinyo, à la frontière entre la RDC, l'Ouganda et le Rwanda, avant d’espérer un quelconque geste de la part du gouvernement congolais. De quoi donner raison au président Félix Tshisekedi qui a eu à se douter de l'engagement du Rwanda à renoncer à la guerre de prédation qu'il a injustement imposée à son voisin congolais.

Ce n'est pas la première fois que le M23 se rétracte et mette en mal le processus de paix dans la région. Quant aux sanctions éventuelles contre le Rwanda, le président Félix Tshisekedi est resté dubitatif, attendant voir la France évoluer d'un cran, elle qui a toujours fait preuve d'atermoiement et de laxisme lorsqu'il s'agit des intérêts de Kigali. Dossier à suivre.


Alain Diasso