Les Dépêches de Brazzaville



Guerre à l’Est : Yoweri Museveni s’implique dans la résolution du conflit


Bien que faisant partie des actions diplomatiques que mène le gouvernement en vue de trouver de solution au conflit déclenché par les rebelles de M23 dans l'est du pays, la présence des officiels congolais à Kampala était assimilée, par certaines critiques, comme un aveu de faiblesse de la part de Kinshasa. Ceci d’autant plus que l’axe Kampala-Kigali a toujours été source de plusieurs tensions à leurs frontières avec la République démocratique du Congo (RDC) via leurs rebellions respectives. Qu’à cela ne tienne. Nonobstant toutes ces appréhensions, la délégation congolaise s’est quand même rendue à Kampala avec, à sa tête, le ministre d'État, ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro. Ce dernier s’est fait accompagner du chef de la maison militaire du chef de l'Etat, le général Franck Ntumba, du général Rubasira Obed et du directeur général de la Direction générale de migration.

C’est aux fins de donner plus d’éclairage sur le sens de cette mission que le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a animé un point de presse le 18 juillet dernier pour replacer les choses dans leur vrai contexte. De prime abord, il a précisé que c'est sur demande du président  Museveni que la délégation est allée à Kampala. Cette demande était faite bien avant le déplacement du président Félix Tshisekedi en Angola, a indiqué Patrick Muyaya, ajoutant qu’elle n’était motivée que par le souci d’en savoir un peu plus sur ce qui se passe à l’Est de la RDC. Yoweri Museveni, a-t-il déclaré, voulait échanger avec la délégation congolaise sur la situation à l'Est afin qu’il propose ses pistes de solution en tant qu’un des doyens du continent.      

Les émissaires du chef de l’Etat congolais en Ouganda avaient eu un discours clair, sans ambiguïté devant Yoweri Museveni, a confirmé le porte-parole du gouvernement. Un discours essentiellement axé sur le soutien dont bénéficie le M23 de la part du Rwanda. En guise de solution au conflit RDC-Rwanda, Yoweri Museveni a proposé un cessez-le-feu au regard de sa longue expérience. « Souvent les guerres viennent de la politique. Ou bien vous utilisez la paix, le dialogue ou la guerre », dixit le président ougandais qui privilégie une approche de dialogue. Une position qui n’est pas très éloignée de celle défendue par Paul Kagame.

L’approche défendue par Museveni va à contre-courant de ce que prône son homologue congolais. Ce dernier, en effet, n’est pas disposé à engager des discussions directes avec le M23 qu’il considère comme un groupe terroriste et s’en tient au processus de Nairobi pour résoudre la crise. « Nous, le principe c'est ce qui a été dit à Nairobi, il faut que le M23 et tous ses supports retournent aux positions initiales. On n’a pas besoin de singulariser une quelconque forme de négociations, des discussions avec un groupe armé (…) », a expliqué le ministre Patrick Muyaya. Pour le gouvernement congolais, il n’y a pas de concession à faire. Le M23 et ses supplétifs doivent d’abord commencer par quitter Bunagana tel que convenu à Luanda. C’est à ce préalable qu'il s’en tient, pour l’instant, plus que jamais déterminé à faire valoir ses positions non négociables, sans négliger le volet diplomatique.

Rappelons que le président angolais, Joao Lourenço, qui a offert sa médiation, avait convoqué dernièrement Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda afin de tenter de trouver une solution à la crise. Malgré le cessez-le-feu décrété, les combats s'étaient poursuivis sur le terrain avant une accalmie précaire ces derniers jours. Dossier à suivre.

 


Alain Diasso