Les Dépêches de Brazzaville



Incendie sur le fleuve Congo : d’énormes dégâts enregistrés


Après le drame, l’heure est au bilan. Même si l’enquête suit son cours, des témoignages font état d’une dizaine de baleinières ravagées. Les pertes en vies humaines ne seraient à écarter, à en croire un témoin. « Si c’était la nuit, cela devait être compliqué pour nous les riverains. Dans certaines baleinières, il y avait des femmes avec des enfants mais nous ne savons pas s’ils en sont sortis ou pas. Jusqu’à présent, nous ne savons pas s’il y a eu des pertes en vies humaines. Il s’avère que le tout est parti d’une femme qui préparait dans une baleinière au fond là-bas », a témoigné Jean Didier, un riverain dont l’incendie s’est déclaré devant lui.

Selon Henri, un autre témoin, le feu est parti de la baleinière "Aigle" qui dessert la ville de Ngemina (Bandundu), en République démocratique du Congo. « "Aigle" est une grande baleinière qui avait beaucoup de gens, quant aux autres embarcations, nous avons demandé aux gens de sortir. Nous veillons sur le fleuve pour voir s’il  y a des corps qui vont sortir. La majorité des baleinières parties en feu, leurs propriétaires se trouvaient à la cité », a-t-il expliqué, déplorant le vol de cinq cent mille FCFA perpétré chez son neveu pendant l’incendie.

Une femme qui a perdu toute sa marchandise est admise dans un cabinet médical situé à quelques mètres du lieu du sinistre. Plus de 24 heures après, elle est toujours émue et n’arrive pas à expliquer ce qui s’est réellement passé. « Nous avons tout perdu, c’est difficile pour nous », a expliqué sa maman.

 La population appelée à la prudence

La ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan Nonault, qui a visité le site le 6 décembre en compagnie du directeur général du port autonome et port secondaire de Brazzaville et de l’administrateur-maire de Talangaï, s’est dite préoccupée par les questions environnementales. « Sur le plan environnemental, nous déplorons tous ces grands dégâts qui affectent les ressources halieutiques en mettant en péril les citoyens de Brazzaville qui ont l’habitude d’en consommer. Nous attirons l’attention des citoyens, tant que le site n’a pas été dépollué, il faut être prudent dans la consommation des ressources halieutiques le long de notre berge du fleuve Congo », a-t-elle invité.

Selon elle, des prélèvements sont en cours pour déterminer l’impact réel en termes de pollution. L’étape suivante consistera à enlever tous les déchets qui sont dérangeants à l’œil. Profitant de cet événement triste, Arlette Soudan Nonault a rappelé la nécessité de respecter les règles en vigueur dans le pays concernant l’occupation durable des berges ou des sources d’eau. « Aujourd’hui, nous ne déplorons pas de pertes en vies humaines, mais nous aurions pu en déplorer parce qu’il y a une lourde responsabilité des citoyens qui, au mépris de toute réglementation, transportent de façon illégale le carburant sur le fleuve et Dieu seul sait combien de litres s’échappent de ces fûts et de ces embarcations de fortune, polluant ainsi cette source d’eau, le fleuve Congo », a-t-elle dénoncé.

La ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo a, par ailleurs, annoncé la tenue d’une réunion interministérielle afin de trouver de solutions à ce sinistre qui aurait pu être évité si les différents acteurs ayant la charge de diriger ou de préserver le port avaient pris leurs responsabilités en main. « Aujourd’hui, nous sommes tous interpellés, je pense que l’heure est venue maintenant pour retrousser les manches afin de trouver une solution collective. Pour notre part, nous y veillons et nous travaillerons dans le cadre de l’interministériel avec tous les services déconcentrés. Nous sommes à pied d’œuvre pour trouver très rapidement des solutions à cette pollution profonde », a conclu Arlette Soudan Nonault. Notons que le feu est parti d’un port privé. Mais, selon des témoignages, les différents services de l’Etat en perçoivent des taxes.


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

1-Une vue des dégâts du sinistre de Mpila / Adiac 2- La ministre visitant le site/Adiac