Les Dépêches de Brazzaville



Interview. Gaëtan Ngoua: « Il n’y a que notre labeur et notre bravoure qui peuvent changer les choses quand plus rien ne marche »


Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Peut-on connaître à quand remonte votre amour pour l’écriture ?

Gaëtan Ngoua (G.N.) : J’écris depuis que j’étais au lycée et à ce jour, j’ai déjà publié onze recueils de poèmes dont le plus récent est "Voyage au cœur des nuits", sous-titré "Pour un dialogue avec mon pays", paru chez les éditions Berkiab, au Canada. En effet, la poésie me parle plus que d’autres genres littéraires, m’accueille bien sur son territoire. Elle est l’expression favorable des sentiments personnels et universels face à l’existence.

L.D.B.C. : D'où vous est venue l’inspiration de votre récent ouvrage ?

G.N. : L’inspiration m’est venue de tout ce que je vois et de tout ce que je vis dans mon pays. J’ai inscrit comme sur une stèle les fresques intimes de diverses localités du Congo-Brazzaville. C’est un écrit miroir qui reflète la carte lyrique de ma patrie, vue au tréfonds de mon imagination.  

L.D.B.C. : Pensez-vous que le Congo vit encore dans une sorte de nuit ?

G.N. : Absolument. Puisque dans ce recueil, j’en ai parcouru plusieurs. Il ne faut donc pas parler d’une seule nuit mais plutôt de plusieurs. On y est profondément plongé. Un pays est un bien commun que le Très Haut a fait don à un groupe de gens qui s’est retrouvé à un endroit précis, à un moment de l’histoire. Personne n’a jamais choisi de naître quelque part. Il n’y a que Dieu qui sait pourquoi on est d’ici ou d’ailleurs. Donc, lorsqu’on est déjà né à un endroit, tout ce qu’on demande est que le vivre-ensemble fonctionne comme il le faut et que chacun soit libre de s’épanouir et de se réaliser. Le poète n’est pas un extra-terrestre. Il vit dans une société et a droit à tous les avantages que doit offrir une société juste.    

L.D.B.C. : Quelque part dans votre livre, vous dites : "quand l'espérance prend la clef des champs, un peuple digne doit la rebâtir avec l'encre de ses veines". Quel sens donnez-vous à ces propos ?

G.N. : Dans les veines d’un peuple, il y a la sueur et le sang. La sueur exprime le labeur et le sang, la bravoure. Ces propos veulent simplement dire qu’il n’y a que notre labeur et notre bravoure qui peuvent changer les choses quand plus rien ne marchent comme prévu.


Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Gaëtan Ngoua/DR