Les Dépêches de Brazzaville



Interview. Gemaël Mboumba: « La pluie est à Brazzaville l’un des soucis majeurs de la population »


Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : D’où vous est venue l’idée d’écrire un essai sur les risques des pluies à Brazzaville ?

Gemaël Yanick Mboumba Mboumba (G.Y.M.M.) : La ville Brazzaville est particulièrement exposée aux fortes averses qui paralysent la circulation, inondent et détruisent des habitations. Tous les quartiers subissent des intempéries, mais ne présentent pas la même vulnérabilité.  De 2006 à 2013, par exemple, les pluies diluviennes ont provoqué la mort de seize personnes à la Tsiémé. Deux an plus tôt à Mfilou, le bilan était de sept morts, cinq blessés et des centaines de déplacés. C’est dans ce sens que nous avions jugé qu’il était intéressant d’écrire un ouvrage sur ce phénomène qui rend vulnérable des quartiers de la ville capitale.

L.D.B.C. : Cette situation est-elle irréversible ?

G.Y.M.M. : Nous disons que la situation est irréversible parce que les précipitations à Brazzaville sont actuellement redoutables par leur caractère continu ; elles durent des heures et parfois plusieurs jours, mettant à rude épreuve la perméabilité des sols et les systèmes d'assainissement… On constate que pendant les dix premières minutes, suivant leur déclenchement, ces averses sont très intenses. Au bout d'une heure, l'intensité baisse mais reste importante. Ces pluies diluviennes déclenchent des ruissellements instantanés qui provoquent les processus d'inondations, d’érosions et d’ensablements. De fait, Brazzaville est un département très arrosé, les épisodes pluvieux y étant fréquents et intenses. La prise en compte de ces deux caractéristiques permet de considérer la pluie à Brazzaville comme un aléa climatique important. Elle alimente le ruissellement et la nappe phréatique qui assure la pérennité des écoulements.

L.D.B.C. : Quelles sont les parties du livre et leur message de fond ?

G.Y.M.M. : Le livre compte trois chapitres et chacun compte cinq points bien développés. Cependant, comme message de fond, nous disons que les déclenchements d'averses diluviennes forment de véritables rivières urbaines qui gagnent en intensité avec la pente et en l'absence d'une protection naturelle, puis le manque de canalisation au sein de la ville capitale. De ce point de vue, la poussée démographique et l’étalement urbain rendent imperméables les sols. Elles renforcent l'action du ruissellement qui provoque des inondations avec un cortège remarquable des dégâts, pertes en vies humaines, éboulements, érosions, glissements de terrains.

L.D.B.C. : Avez-vous des solutions à proposer face à ce désastre ?

G.Y.M.M. : Il sera plus intéressant que les pouvoirs publics puissent revoir les stratégies d’aménagement et d’assainissement au niveau de la ville de Brazzaville. Avant l’installation de la population sur un site donné, ils doivent en amont créer des conditions favorables qui tiendront compte de la mise en place des collecteurs d’eaux pluviales et d’un système de drainage adéquats, du pavage des voiries, du curage régulier des ouvrages d’assainissement, du respect du sens de la pente, de l’installation des impluviums dans les parcelles, et d’interdire de construire sur les flancs de collines et sur les berges des cours d’eau. Il faut noter que la pluie est sur le site de Brazzaville l’un des soucis majeurs de la population.


Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

1- Gemaël Yanick Mboumba Mboumba 2- La couverture du livre