Interview. Janick Kiyindou : « Valoriser les personnes malentendantes et défendre leurs droits »Les Dépêches du Bassin du Congo : Qu’est-ce qui a été à la base de ce projet au profit des personnes malentendantes ? Janick Kiyindou : Ce qui a été ma motivation, un jour j’étais à l’hôpital, j’ai vu une malentendante arrivée avec des douleurs d’accouchement. La pauvre ne pouvant pas sortir un mot audible, les infirmières ne faisaient que se marrer. Un médecin est venu et a remarqué que la dame n’allait pas bien. Et en voyant cette négligence, je me suis dit pourquoi ne pas en savoir plus sur ces personnes. Et tout est parti de là. L.D.B.C : Comment s’est fait le rapprochement entre vous et ces dernières ? J. K : Ça n’a pas été facile. Après avoir écrit le projet, je suis allé voir l’aumônier des malentendants qui m’a orientée vers M. Jean Pierre Bileko qui est interprète à Saint-Pierre Claver. Ce dernier m'a présentée à deux de ses collègues, Regal et Chadet. Quand je leur ai parlé de mon projet, ils étaient intéressés et ils m’ont dit que ce genre de projet manquait vraiment aux enfants. Ils m'ont rassuré qu’on pouvait trouver des candidats. A une seule condition, de participer à la messe de 10h00 pour les mettre en confiance. L. D.B.C : Le message était-il passé facilement entre vous et ces malentendants? J. K : Au départ, ce n’était pas facile. Les enfants étaient hésitants. Ils n’avaient pas confiance du tout. Ils m’ont dit que nous profitons d’eux. J'ai passé un après-midi à leur expliquer qu’il s’agit de valoriser les personnes malentendantes et de défendre leurs droits, afin de briser les murs du complexe d’infériorité. Et il n’y avait pas d’arnaque dans ce que je leur proposais. Ils étaient soulagés. Je dis merci aux interprètes. L.D.B.C : Est-ce qu’ils avaient facilement adhéré au projet ? J. K : Oui, parce qu’ils ont foi en cette valorisation qui est en quelque sorte une forme d’indépendance ou encore une nouvelle vision de voir le monde. L.D.B.C : Qu’est-ce que cela peut apporter de positif dans leur vie ? J. K : Je pense que cela va apporter beaucoup de changement dans leur vie. Ça va aussi réveiller l’art et l’intelligence qui sommeillent en eux. Le plus grand challenge qu’ils doivent relever est de savoir s’accepter car accepter son handicap, c’est savoir s’assumer. L.D.B.C : Et de votre côté, qu’est-ce que vous apprenez en retour ? J. K : En retour, moi j’ai appris le véritable amour du prochain et la force d’avancer dans la vie sans baisser les bras. L.D.B.C : Peut-on dire qu’une complicité s’est finalement installée entre ces personnes et vous ? J. K : Une complicité et une confiance se sont installées entre eux et moi. Ça me donne la force de continuer car ce que je veux, c’est leur bonheur, l’épanouissement et leur bien-être. Propos recueillis par Achille Tchikabaka Légendes et crédits photo :Janick Kiyindou |