Les Dépêches de Brazzaville



Interview. Juste Justin Goma Gabou : « Notre ambition est de faire du Congo l’un des pays producteurs de miel au monde »


Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Vous pratiquez l’apiculture depuis 2014, d’où vous est venue l’idée de vous lancer dans un domaine peu connu au Congo ?

Juste Justin Goma Gabou (J.J.G.G.) : C’est parti d’un petit déclic. Un jour, je suivais les informations sur une chaîne de radio internationale où on parlait du miel qui serait classé parmi les matières premières, au même titre que le pétrole. Tout de suite, cela a attiré mon attention et j’ai donc saisi l’opportunité pour me lancer dans le domaine.

L.D.B.: Le métier d’apiculture semble complexe, comment le pratiquez-vous dans un environnement sans écosystèmes appropriés ?

J.J.G.G. : Par définition, l’apiculture signifie la culture ou l’élevage des abeilles. Nous ne la pratiquons pas comme le font les autochtones dans la forêt, en abattant les arbres pour extraire le miel. Nous fabriquons nous-mêmes des ruches et les plaçons à des endroits appropriés, aussi bien dans la savane que dans la forêt, et les abeilles viennent y habiter pour produire le miel. Deux à trois mois après, vous passez récolter le miel. La récolte peut se faire en continu sur toute l’année sans aucun autre effort supplémentaire. La quantité produite dépend du nombre de ruches posées, car plus les ruches sont nombreuses, plus la production sera importante.

L.D.B. : Combien de tonnes de miel votre coopérative Ya Diyi peut-elle récolter par année ?

J.J.G.G. : La coopérative Ya Diyi peut compter aujourd’hui 400 ruches placées dans des endroits stratégiques. Avec ce nombre que nous tenons à augmenter, nous récoltons jusqu’à trois tonnes de miel l’année. C’est encore peu par rapport à notre objectif, mais c’est déjà un bon départ pour notre coopérative.

L.D.B. : Comment doit-on faire pour devenir un apiculteur professionnel ?

J.J.G.G. : On devient apiculteur qui le veut, il suffit seulement de prendre conscience et de s’engager véritablement. Aujourd’hui, la coopérative Ya Diyi a mis à la disposition des Congolais tous les outils nécessaires à la pratique de ce métier. Ce métier s’apprend comme tous les autres, tels que l’aquaculture, la pisciculture et l’horticulture. Pour ce faire, nous avons créé une école de formation au métier d’apiculture et, d’ici à la fin de cette année, nous allons implanter des centres de formations annexes dans tous les départements du Congo.

Le centre de formation de Gamboma, dans le département des Plateaux, sera le tout premier à ouvrir ses portes. Pour la mise en œuvre de ce projet, nous avons reçu l’appui du gouvernement. A l’issue de la formation, l’école va proposer à chaque apprenant tout le matériel professionnel, notamment la tenue apicole, les ruches, les enfumoirs et bien d’autres accessoires.

L.D.B.: Quelle vision avez-vous pour le Congo en matière de développement de l’apiculture ?

J.J.G.G. : Notre ambition est de faire du Congo un pays à vocation apicole et l’un des grands producteurs au niveau mondial. Le miel est tellement recherché à travers le monde qu’aucune de sa goutte ne va chômer dans la maison d’un apiculteur. Notre association va tout acheter pour revendre ailleurs étant donné que nous avons déjà la certification. Et dans la ruche, on ne récolte pas que du miel, il y a plusieurs autres produits plus recherchés et vendus plus cher que le miel, telle que la cire, donc quelle que soit la quantité qu’on produira, tout sera vendu. Lorsque nous récoltons la cire, elle se liquide très rapidement.  


Propos recueillis par Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

Juste Justin Goma Gabou/Adiac