Les Dépêches de Brazzaville



Interview. Roi Michel Ganari Nsalou 2 : « Il n’y a qu’un seul roi dans le royaume téké »


Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : La situation du royaume téké fait couler beaucoup d’encre depuis quelque temps. Peut-on dire aujourd’hui, avec votre installation dans le palais royal de Mbé, que la guéguerre est finie ?

Roi Makoko Michel Ganari Nsalou 2 (R.M.M.G.N.) : Le pouvoir que j’incarne aujourd’hui vient de « Nkwembali » qui est notre Dieu. Certes, il y a eu du bruit comme vous l’avez évoqué, mais, moi je vous réaffirme que je suis venu en tant que rassembleur, parce qu’il n’y a qu’un seul roi dans le royaume téké. J’en appelle donc à mes sujets de ne pas suivre avec enthousiasme les fauteurs de trouble. Le mieux c’est de venir pour qu’on construise le royaume ensemble. Maintenant que je suis installé dans le palais royal de Mbé, ce bruit-là va finir et tout le monde parlera le même langage. J’appelle tous à l’unité et la paix.

L.D.B. : Le royaume téké a combien de dignitaires et combien s’opposent à vous ?

R.M.M.G.N. : Il y a douze dignitaires qui participent à la désignation d’un roi, mais les grands électeurs sont au nombre de cinq. Parmi ceux qui s’agitent, il y en a, par exemple,  ceux qui jouent d’une manière frauduleuse le rôle des autres dignitaires. Le roi ne voyant pas le diable, je ne me vois pas en train de les accuser nommément à travers les médias, les réseaux sociaux. L’essentiel est que les cinq grands électeurs sont acquis à la cause de la raison. Quant aux autres, nous ferons un effort de les ramener aussi à la raison. Cependant, c’est regrettable s’il y a des forces qui les poussent à s’agiter, mais je sais qu’ils reviendront à la raison.

L.D.B. : Pourquoi cette dissidence et qu’est-ce qui vous est reproché ?

R.M.M.G.N. :  Tous les Tékés savent que les problèmes du royaume autour du Makoko se règlent au palais sous l’arbre à palabre. Ils se traitent en famille en présence des sages, des notables, des dignitaires de toutes les contrées, et non dans les médias, dans les réseaux sociaux, car cela discrédite le royaume. J’en appelle donc à la prise de conscience de tous.

L.D.B. : On taxe souvent les royaumes d’interférer dans la politique ; qu’en dites-vous ?

R.M.M.G.N. : La cour royale de Mbé que je gère est une institution traditionnelle (apolitique) à caractère culturel et spirituel qui interdit à ses membres et à moi-même d’interférer dans le fonctionnement de l’État. Ni le roi ni les dignitaires, encore moins les vassaux, personne ne doit faire la promotion des partis politiques. Mais cela n’empêche pas de collaborer avec le président de la République quant aux questions d’intérêt national.

R.M.M.G. : Un mot aux Tékés

R.M.M.G.N. : Comme je l’ai dit tantôt, le pouvoir de Makoko est unique. C’est une seule personne qui règne selon les règles du “Nkwembali” et le roi est celui qui rassemble tous les peuples, tous les enfants. Ils doivent être un. Que les dissidents arrêtent avec de l’agitation qui n’honore pas le royaume. A la limite, c’est gênant devant le monde. D’où, je les invite à revenir à la raison. On ne peut pas comprendre que le vassal Moutiri (qui est le chapelet du roi) après qu’il a porté son collier au roi et qu’on entende qu’un autre roi a dû fabriquer un collier pour devenir lui aussi roi. Alors qu’il n’y a qu’un seul collier royal au royaume téké. Le royaume c’est à Mbé et c’est moi qui porte les attributs légaux, donnés par les vassaux légaux, qui sont Moutiri, Ngantsibi, Ngandzion, Ngueliono, et Nga-ampoh. Tous ces vassaux sont autour de moi et nous sommes en train de construire le royaume. Que tous se mettent autour du roi pour construire le royaume et le Congo. Le pouvoir royal est ici à Mbé. N’est pas roi qui le veut, le roi est désigné par les dignitaires que je viens de citer, en dehors d'eux il n’y a pas un autre dignitaire qui nomme un roi. Que les gens reviennent à la raison, qu’ils comprennent et cessent avec la distraction, parce que les autres se moquent de nous en disant que les Tékés commencent à fabriquer les rois. J’invite tous les Tékés à l’unité.


Propos recueillis par Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1 - Le roi Michel Ganari Nsalou 2 lors de l'interview / Adiac 2 : Le Makoko Michel Ganari Nsalou 2 / Adiac