Les Dépêches de Brazzaville



Investissements : attention au piège de l’endettement excessif


Le premier directeur général adjoint du FMI, David Lipton, a présenté les défis pour l’Afrique dans le choix et la réalisation des projets ciblant le vaste domaine des infrastructures. Même s’il reconnaît qu’aucun pays africain n’est affecté durement par le problème de surendettement, du moins pour le moment, mais il insiste sur l’existence effective d’un risque potentiel. « Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne dont le Ghana et le Mozambique ont demandé des programmes d’aide auprès du FMI ces derniers mois en raison notamment de la hausse des coûts d’emprunts sur les marchés internationaux ». Avec la chute des cours des matières premières, la plupart des pays de la région ont enregistré des déficits budgétaires croissants. Récemment, la RDC a opéré une coupe de 1,73 milliard d’euros dans son budget pour l’exercice 2016. Quant à sa prévision de croissance, elle est passée à 6,6 % en 2016, contre 9 % prévus au départ dans la loi financière.

Lors de la publication du Rapport 2015 sur l’Afrique subsaharienne, le FMI a insisté sur la nécessité pour la région d’opérer un véritable changement de cap pour faire face au ralentissement de la croissance. Le taux régional se situe à son niveau le plus bas si l'on se réfère à la tendance de ces 15 dernières années. Il devrait se stabiliser à 3 % en moyenne cette année, par rapport aux 6 % des décennies passées. Tous les indicateurs laissent présager que l’Afrique doit se préparer à une deuxième année difficile à cause des multiples chocs qui frappent la région. En effet, la chute des cours des produits de base et le resserrement des conditions financières vont continuer à engendrer de fortes tensions dans les pays de la région. Entre-temps, les cours du pétrole restent inférieurs de plus de 60 % au pic de 2013, malgré un redressement observé depuis le début de l’année. Cette chute a également affecté les exportateurs des produits de base non énergétiques.

Après des ripostes sans résultats probants, le FMI propose une réaction rapide et vigoureuse, notamment une meilleure flexibilité du taux de change pour les pays non membres d’espaces régionaux, une lutte acharnée contre les déficits budgétaires et la constitution d’une base d’imposition viable dans le reste de l’économie. La menace du FMI est bien réelle. En effet, l’institution financière internationale a suspendu au mois d’avril 2016 son aide au Mozambique à la suite de la découverte d’environ un milliard de dollars de dettes non intégrées dans les statistiques officielles.


Laurent Essolomwa