Les Dépêches de Brazzaville



Journée mondiale contre le travail des enfants : aujourd’hui encore des mineurs travaillent pour survivre


« Chaque matin avant d’aller à l’école, j’aide ma tante à vendre les beignets. Et quand je rentre le soir, je la rejoins au restaurant où je nettoie les assiettes et marmites et je n’ai vraiment pas le temps de lire comme les autres. Je n’ai donc pas de bonnes notes à l’école. Ma tante dit que je suis paresseuse, elle s’étonne que je n'ai pas de bonnes notes à l'école », a expliqué Nina, 14 ans, les yeux fixés vers le sol. Nina et sa sœur aînée ont été recueillies il y a deux ans chez leur tante après le décès de leur mère.

« A l’adolescence, ma belle-mère n’a plus voulu me donner à manger prétextant que j’étais devenue assez grande pour me débrouiller », a déclaré Vivie, qui a vécu l’enfer auprès de sa marâtre depuis l’âge de 3 ans à Nkayi. Obligée à l’âge de 15 ans de vendre le manioc pour acheter ses fournitures scolaires et prendre soin de sa petite sœur, ce travail pénible ne lui a pas permis de suivre correctement ses cours. « J’étais éreintée,  parfois je dormais en classe. C'est ce qui a fait que je quitte l’école en classe de 3e et de me consacrer totalement à la vente du manioc », a-t-elle fait savoir.

Si Vivie s’en sort plutôt bien, ce n’est pas le cas de Sylvie. Bientôt 16 ans, elle endosse désormais le rôle de chef de famille. « Je sors avec plusieurs hommes âgés. Mes parents sont incapables de subvenir à mes besoins, ils profitent de mes relations. D’ailleurs mon père a trouvé du travail grâce à l’un de mes prétendants », a lancé fièrement la jeune fille. Stéphane, 14 ans contrôleur de bus, travaille pour subvenir aux besoins de sa mère malade atteint de cancer. « Ce n’est pas facile de crier à longueur de journée, mais je suis obligé car une partie de ma recette sert à l’achat des médicaments de ma mère », a-t-il indiqué visiblement triste.

Comme Nina, Vivie, Sylvie ou encore Stéphane, plusieurs enfants par manque de moyens financiers et de soutien dans la famille sont obligés de travailler pour prendre soin d’eux et de leur famille. Ils désertent les cours. « Le travail des enfants est l'un des principaux obstacles à leur éducation. Un enfant qui travaille aura du mal à se concentrer dans ses études. C’est pour cela qu’il est essentiel de soutenir la scolarité gratuite et obligatoire des enfants au Congo », a noté Hervé, membre du Reiper qui souhaiterait voir dans l’avenir les pouvoirs publics s’impliquer davantage dans la sensibilisation au sujet des droits des enfants et plus particulièrement de l’éducation.

Au Congo, le travail des enfants est strictement interdit par le Code du travail. Son article 116 stipule que « les enfants ne peuvent être employés dans aucune entreprise avant l’âge de 16 ans sauf dérogation accordée par le ministre de l’Éducation après avis de l’inspecteur du travail (…) ». De plus, le Congo a par ailleurs signé la convention internationale des droits de l’enfant qui dit en substance que l’enfant doit être protégé de l’exploitation économique et n’être astreint à aucun travail comportant des risques, susceptible de compromettre son éducation, de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, moral ou social. En effet, ce n’est pas les lois qui font défaut, comme le note Rockya Kimani, assistance sociale. « Ratifier les conventions internationales qui fixent le cadre de lutte contre le travail des enfants est une chose, mais mettre cette législation nationale en conformité avec ces différentes législations est mieux », a-t-elle signifié.

 


Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Enfants casseurs de pierres/DR Photo2: Enfants vendeurs /DR