Les Dépêches de Brazzaville



« La Porcelaine de Chine » : fragments d’après-guerre


L'auteur met en scène Bazey, mère de quatre enfants, réfugiés dans un pays lointain, son mari Bissy et Maya, la femme de ménage chez le couple. Bazey a été violée pendant la guerre, Bissy meurtri par des miliciens, et Maya, seule, a perdu la tête et sa famille. Ce sont là trois personnages déchirés et traumatisés par la guerre, fragiles, se tenant tête et cherchant à se reconstruire malgré les traces indélébiles physiques et morales laissées par les combats. Des héros à l'image de ce service de porcelaine fragile s’émiettant tout au long de la pièce.

Marie-Léontine Tsibinda écrit avec humour et sensibilité cette pièce de quinze scènes à la fin des années 1990. Elle explique au micro de Radio Canada avoir jeté les lignes de son œuvre lors de son exil, deux ans après la guerre qui a éclaté au Congo. Elle a été hébergée avec les siens et des dizaines d'autres clans par une famille de six membres. Malgré les coups de canon, Marie-Léontine Tsibinda explique que les femmes trouvaient quand même à rire. Cette ambiance, elle a voulu la retranscrire dans sa pièce en façonnant le personnage de Bazey comme une femme forte, qui veut en découdre avec son passé et réparer les pots cassés tout en essayant de dompter une grande fragilité.

Marie-Léontine Tsibinda est une figure éminente de la littérature congolaise. Elle s'est distinguée avec une œuvre poétique et théâtrale considérable. En 1981, elle a reçu le Prix national de poésie, et en 1996 le prix Unesco-Aschberg pour la sa nouvelle Les Pagnes mouillés. En 1999, elle a fui Brazaville pour Cotonou. Aujourd'hui et depuis neuf ans, cette femme de lettres vit au Canada, pays où a été publiée sa pièce La Porcelaine de Chine. Marie-Léontine Tsibinda espère aujourd'hui voir sa pièce distribuée en Afrique et en Europe.

 

 

 


Morgane de Capèle