Les Dépêches de Brazzaville



La République rend un dernier hommage à Céline Claudette Eckomband


Dès dix heures, le hall du Palais des congrès était comble. Le tapis rouge était déroulé, prêt à recevoir le président de la République. Le visage triste, parents, amis et connaissances étaient également présents. On a noté également la présente de l’Organisation des femmes pour le développement intégral, l’Organisation des femmes du Congo et d’autres formations politiques qui sont venues compatir avec le Parti congolais du travail (PCT).

Après l’hommage rendu au siège du PCT, la dépouille de Céline Claudette Eckomband a été accueillie peu avant l’arrivée du président de la République. La fanfare a joué un cantique funèbre pour marquer cet instant. Ému, le deuxième secrétaire du Sénat, Dominique Lekoyi, a lu l’oraison funèbre.

Céline Claudette Eckomband est née le 28 mai 1932 à Brazzaville. Elle avait fait ses études primaires à l’école Saint-Joseph à Pointe-Noire, ses études secondaires au collège Javouhet à Brazzaville. Brillante élève, elle a toujours été inscrite au tableau d’honneur.

Très tôt, elle embrasse la vie active comme institutrice, et fait en même temps ses premiers pas en politique. L’engagement politique de Céline Claudette Eckomband est le fruit de son érudition et surtout de son courage. Le 6 mars 1955, elle anime une causerie-débat sur l’émancipation de la femme congolaise, en l’incitant à s’inspirer de l’exemple de ses sœurs africaines et d’ailleurs engagées dans les luttes de libération et le combat pour l’indépendance nationale. Cette conférence-débat a servi de détonateur pour l’action de l’élite féminine.

De 1950 à 1955, Céline Claudette Eckomband et d’autres femmes se retrouvent dans le cercle culturel de Poto-Poto, dont elle assurait la présidence, déclenchant l’activisme de la femme congolaise. Ses prises de position vigoureuses, son attachement aux idées progressistes, à l’émancipation politique nationale et des femmes l’ont couronnée de succès.

Dans son parcours, elle a également connu des jours sombres. Arrêtée et condamnée sans jugement le 26 juin 1966, elle a purgé 25 mois de prison pour ses opinions politiques. Infatigable, elle a participé aux réunions politiques de 1963 à 1968, une période tumultueuse de la vie politique nationale. En menant le combat politique pour le progrès social, elle n’a pas cessé d’améliorer ses connaissances malgré ses responsabilités familiales. Elle a préparé, en République démocratique d’Allemagne, une licence et une maîtrise en sciences sociales.

Céline Claudette Eckomband s’est également affirmée sur la scène politique congolaise. Elle a été première présidente de l’Union révolutionnaire des femmes du Congo en 1965, première femme ambassadrice du Congo en Guinée-Conakry, commissaire politique dans la région du Niari, sénatrice, et enfin, membre de la Haute Cour de justice. Elle a reçu plusieurs distinctions honorifiques et a été commandeure dans l’Ordre du mérite congolais.

Après la cérémonie, la dépouille de l’illustre disparue a été conduite à sa dernière demeure, où elle a été enterrée aux côtés de Micheline Golengo, Alexandre Ndenguet Attiki et Ambroise Noumazalaye.

Témoignages

« C’est une femme du chemin de fer, nos parents étaient de vrais amis. En venant me recueillir ici, je suis dans la joie et non la tristesse, car cette femme nous a légué un héritage que nous transmettrons de génération en génération », a témoigné le président de l’Association congolaise d’amitié entre les peuples, Vital Balla.

« La camarade Céline fut une brave militante, une femme emblématique qui a contribué à l’émancipation de la femme congolaise. Elle a milité pour la révolution congolaise, pour l’édification de notre pays et a contribué à l’encadrement de la femme congolaise. Au moment où nous l’accompagnons dans sa dernière demeure, il m’est difficile de trouver les mots qui conviennent », a déclaré le président de la fédération du PCT de Brazzaville, Gabriel Oba Apounou.

Pour la présidente de l’Organisation des femmes du Congo, Jeanne Dambendzet, Céline Claudette Eckomband était une grande dame. « C’est un jour de grande tristesse pour moi particulièrement. J’étais encore à l’école primaire quand je l’ai connue. Le souvenir que je garde d’elle est celui d’une grande dame. Elle essayait de nous faire partager sa vision en fin d’année scolaire, en nous faisant jouer de grands rôles chaque fois qu’il y avait des feux de camp. Toute sa vie, elle a cherché à susciter en nous le désir d’être toujours meilleurs. Je ne l’oublierai jamais. »


Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

.e départ de la dépouille de Céline Claudette Eckomband (© DR).