L’Afrique centrale au cœur du Forum de Paris : vers une paix durable entre crises humanitaires et enjeux géostratégiquesLes débats sur la coopération mondiale au Forum de Paris se sont doublés cette année d’un appel urgent à l’action humanitaire et sécuritaire dans la région des Grands Lacs, où la République démocratique du Congo (RDC) vit l’une des crises les plus graves du monde. Une urgence humanitaire sans précédent À la Conférence internationale pour la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, coorganisée par la France et le Togo, le ton était grave. « Nous faisons face à la deuxième crise humanitaire la plus grave du monde, avec 27 millions de personnes en insécurité alimentaire et 7 millions de déplacés internes », a rappelé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, sur LCI. Le président Emmanuel Macron a clôturé les travaux en appelant à une « mobilisation collective et durable » face à une tragédie « qui ne doit plus être oubliée ». Sur le terrain, la situation empire : le conflit entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa, a déjà provoqué plus de deux millions de nouveaux déplacés en 2025. 90 % d’entre eux vivent dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri. La paix par la gouvernance et le développement Les discussions à Paris ont aussi porté sur les causes profondes de l’instabilité : faiblesse institutionnelle, fractures ethniques, économie informelle et compétition pour les ressources naturelles. Pour Florian Monnerie, directeur d’Action contre la Faim en RDC, « il faut replacer les populations au centre des réponses ». De son côté, Bruno Lemarquis, représentant spécial adjoint de l’ONU en RDC, a insisté : « C’est une crise de protection. Les femmes sont les premières victimes. Les humanitaires manquent de moyens alors que les besoins explosent ». Sur le plan géopolitique et économique L’Afrique centrale est aujourd’hui un nœud stratégique : espace tampon entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest, zone clé pour la sécurité énergétique et minière mondiale. Les pays du bassin du Congo détiennent plus de 70 % du cobalt mondial et d’immenses réserves forestières, essentielles à la transition écologique. Pourtant, les coupes budgétaires de l’aide internationale, notamment américaine, fragilisent les programmes de stabilisation. Face à ce constat, la diplomatie française cherche à jouer un rôle d’équilibre, sans concurrencer les médiations africaines. Paris plaide pour une approche régionale intégrant la RDC, le Rwanda, le Burundi, le Tchad et la Centrafrique, articulée autour du développement économique, de la gouvernance inclusive et de la sécurité partagée. Vers une « paix économique » Lors du Forum, une session a été consacrée à l’intégration économique régionale : corridors logistiques, énergie transfrontalière, et coopération numérique. À l’heure où l’Afrique centrale cherche à sortir de l’engrenage des crises, Paris 2025 apparaît comme un tournant diplomatique, celui d’une paix pensée non seulement comme une absence de guerre, mais comme une construction collective de développement et de souveraineté régionale. Noël Ndong |