Le saviez-vous ? Les sapeurs existaient déjà avant la Sape
Un autre espace d’expression était les cérémonies. Lors des « grands deuils » ou des fêtes traditionnelles, certains hommes se distinguaient déjà par des tenues importées, parfois héritées de leurs passages en Europe (Marins, travailleurs migrants). On raconte que dès les années 1930, certains Brazzavillois rivalisaient déjà de cravates, vestons et cannes, attirant les regards dans les quartiers populaires comme Bacongo et Poto-Poto. L’influence de Paris et de Kinshasa Dans les années 1950-1960, la diaspora congolaise à Paris joue un rôle clé. Les jeunes travailleurs ou étudiants ramènent des costumes élégants, inspirés du style parisien. À Léopoldville (actuelle Kinshasa), ce mouvement prend aussi forme autour de la rumba naissante, où les musiciens deviennent des modèles de style. Ainsi, l’élégance vestimentaire devient un langage culturel transfrontalier entre les deux rives du fleuve Congo. Ces premiers dandys n’avaient pas encore de manifeste ni de sigle. Ils n’étaient pas regroupés en « société » mais partageaient déjà cette passion pour l’élégance, la mise en scène et la rivalité vestimentaire. On pourrait dire qu’ils étaient les sapeurs avant la Sape. Des pionniers qui ont préparé le terrain à ce qui allait devenir, dans les années 1970-1980, une véritable institution culturelle et identitaire congolaise. La Sape ne sort donc pas de nulle part. Elle est l’héritière d’une longue histoire d’élégance, née des « évolués » coloniaux, nourrie par les voyages et magnifiée par la musique. En réalité, la Sape n’a fait que donner un nom et une visibilité à une tradition vestimentaire qui couvait déjà depuis des décennies. Jade Ida Kaba Légendes et crédits photo :La Sape s'exhibe à Brazzaville/DR |