L’endométriose : une maladie silencieuse et destructrice
Dans le contexte africain dans lequel les traditions, us et coutumes lèguent à la femme la place de procréatrice et de mère nourricière, d’éducatrice et de dispensatrice de soins, surtout dans les tribus matriarcales, il est difficile d’envisager l’épanouissement des femmes dans ces groupes d’appartenance. Le contexte religieux africain, en grande partie chrétien dans les territoires francophones et anglophones, loue et encourage le mariage, la formation du noyau familial à partir duquel la société se veut être façonnée. Ces éléments, ensemble pris en compte, montrent à quel point une maladie telle que l’est l’endométriose est destructrice pour la femme qui en souffre. La définition médicale de l’endométriose est la présence du tissu de l’endomètre en dehors de la cavité utérine, seul endroit où elle devrait normalement se trouver. Cette présence anormale de ce tissu que ce soit au niveau des trompes, des ovaires, dans l’ensemble du bassin ou en dehors, va provoquer des réactions inflammatoires chroniques et, éventuellement la constitution d’un tissu cicatriciel. Les signes de cette maladie sont alors des douleurs insupportables pendant les règles, un fond douloureux chronique en dehors des règles, une douleur profonde lors des rapports sexuels, des douleurs lors de la défécation mais aussi l’infertilité, tant redoutée. Bien que les symptômes peuvent être très variés et ressentis différemment selon les femmes, il n’en demeure que la douleur liée aux règles et l’infertilité sont des souffrances qui déchirent ces femmes. Le problème que soulève l’endométriose est certes sanitaire, mais aussi psychologique et social car cette maladie est une source de dépression, d’anxiété, de séparation de couple, d’isolement social, de mal-être et de détresse émotionnelle. Le manque de sensibilisation autour de cette maladie et, par conséquent, de formation ciblée des personnels de santé font que dans le monde et au Congo-Brazzaville il y a un retard diagnostique sur la maladie d’environ 7 ans. Ce retard diagnostique fait que les femmes souffrent pendant près d’une décennie avant de pouvoir poser un nom sur le mal qui les ronge. « L’endométriose est une maladie grave qui est mal connue du grand public et même du personnel médical ; ce qui fait qu’on ne pose le diagnostic qu’au bout de cinq à six ans de consultations médicales », confie le docteur Irénée Mambila, membre d’EndoCongo, une ONG congolaise qui s’engage à mettre la lumière sur cette maladie qu’elle considère méconnue du grand public et de faire en sorte que le Congo devienne un pays où les femmes qui souffrent d’endométriose soient soutenues, comprises et épanouies. Les causes de l’endométriose sont multiples, génétiques, mécaniques et organiques. Le docteur Irénée Mambila souligne aussi la cause des fausses couches provoquées plus connues sous le terme d’avortement. « Quand une femme se fait avorter, les praticiens utilisent des instruments pour faire le curetage. Ces instruments vont éroder l’endomètre, créer des lésions à ce niveau-là, mais aussi diffuser par le moyen des vaisseaux, eux aussi érodés, les cellules de l’endomètre dans les endroits où elle ne doit normalement pas se retrouver ». L’occasion est donc de prévenir également sur les risques de l’avortement dont la conséquence majeure est l’infertilité. Le voile social n’étant pas encore levé sur les questions de l’intimité de la femme en Afrique et au Congo, nombreuses de femmes se sentent prudes d’évoquer leurs difficultés à leurs proches ou à leurs conjoints sauf quand elles se retrouvent paralysées par la douleur. Un diagnostic posé précocement permettra au médecin spécialiste d’initier un traitement qui palliera les douleurs et proposera des alternatives à la procréation. La prise en charge précoce présente l’avantage aux femmes qui se sont ouvertes à la consultation médicale de se garder de traverser une décennie d’incompréhension, de confusion, de douleurs et de mal-être.
Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Photo:Des douleurs atroces liées à l'endométriose qui accable près de 200 millions de femmes dans le monde selon l'OMS |