Les Dépêches de Brazzaville



Les éditions Présence Africaine


Que ce soit Henri Lopes ou François Tchichellé Tchivela, deux étudiants congolais de l’époque à l’apogée des éditions Présence Africaine, cette maison d’édition fascinait. Tous les deux reconnaissent à la maison d’édition fondée par Alioune Diop en 1949 la capacité de recueillir les réflexions de l’intelligentsia noire. Elle a accompagné les Noirs durant toute la période de l’histoire coloniale en France, aux États-Unis, dans les Antilles, en Afrique.

À l’époque, les étudiants se sont référés aux travaux d’Alioune Diop, en pleine période coloniale, héritière du panafricanisme et des mouvements politiques et culturels noirs d’avant la Seconde Guerre mondiale. Pour les intellectuels et les auteurs qui y participent, il s’agit d’un véritable engagement politique dans un contexte de violence coloniale et raciale sur fond de sortie de guerre. 

L’idée première du fondateur était de se fixer des objectifs de trois ordres : publication des « études africanistes sur la culture et la civilisation noire », publication de « textes africains » et présentation des "œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir" (texte inaugural – « Niam n’goura ou la raison d’être de « Présence Africaine »).

Il s’était donné un schéma éditorial en trois parties du premier numéro, publié en 1947, perdurera : textes théoriques de sciences humaines, poésies et extraits d’ouvrages, section critique. La revue rassemble des intellectuels de tous bords politiques réunis par leur anticolonialisme : ethnologues, anthropologues (Marcel Griaule, Georges Balandier, Théodore Monod, Michel Leiris, Paul Rivet), écrivains, philosophes (Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor, Jean-Paul Sartre, André Gide, Albert Camus), galeristes (Charles Ratton, William Fagg), critiques d’art… et bien sûr des intellectuels et des écrivains africains, malgaches et antillais (la part d’auteurs français diminuera progressivement après les cinq premiers numéros).

Aujourd’hui, 70 ans après, la maison continue à fasciner mais est loin d’avoir livré ses secrets sur la présence des Africains en France.

 

 

 


Marie Alfred Ngoma